50% des patrons wallons en économie sociale sont convaincus que le numérique est une opportunité à saisir dans le cadre de la stratégie globale de leur entreprise et 19% des EES ayant conduit des projets numériques ont formalisé une stratégie globale de transformation numérique. La taille de l’entreprise exerce une influence sur la formalisation de ce type de stratégie.
- Baromètre #EES. Dirigeants et stratégie globale de transformation
Le profil des dirigeants EES
La perception de la transformation numérique par le dirigeant d’une PME a un impact significatif sur la maturité numérique de l’entreprise. Et ce constat est perceptible dans tous les types d’économie, même en économie sociale. En effet, l’étude nous démontre que les caractéristiques socio-démographiques du dirigeant influencent sa perception du numérique. Plus il est jeune et diplômé, plus il est favorable à la transformation numérique de son entreprise, dans une vision stratégique globale de son activité.
Au niveau du diplôme, l’analyse est plus clivante entre l’économie marchande et l’économie sociale. En effet, le niveau de diplôme des patrons wallons de l’économie sociale est proportionnellement plus élevé (46% de diplômés universitaires contre 32% en économie traditionnelle).
La gestion de multiples parties prenantes, la coordination des ressources limitées ou la recherche permanente de financement avec des bailleurs de fonds publics et privés sont autant d’éléments qui pourraient expliquer la nécessité de compétences spécifiques obtenues par des formations complémentaires.
Si l’on croise cette donnée avec les caractéristiques socio-démographiques du dirigeant, cela pourrait nous laisser penser que les dirigeants en économie sociale sont plus entreprenants pour passer le cap de la digitalisation. Voyons si les différents types de profils appuient cette hypothèse.
Le baromètre de l’AdN distingue trois groupes de dirigeants selon leur perception de la transformation numérique :
- Les convaincus pour qui le numérique est une opportunité à saisir absolument dans le cadre d’une stratégie globale d’entreprise.
- Les utilitaristes pour qui certaines technologies numériques sont utiles, mais sans qu’il soit nécessaire de digitaliser tous les processus de travail.
- Les sceptiques qui n’ont pas d’opinion précise quant aux enjeux du numérique ou qui considèrent le numérique comme un effet de mode comportant des risques et des coûts qui pourraient nuire à leurs affaires.
Si avant la crise sanitaire, ces trois groupes étaient de taille équivalente (une trentaine de pourcents), les résultats du nouveau baromètre nous révèlent que plus de 45% des patrons wallons sont désormais des « convaincus » du numérique.
Cette réalité atteint les 50% pour l’économie sociale.
Bien que le score soit en net amélioration comparativement aux résultats du baromètre 2020, il n’est reste pas moins que la moitié des dirigeants ne sont pas convaincus que la digitalisation soit un levier stratégique pour innover.
La sensibilisation aux opportunités du numérique pour favoriser le développement des entreprises d’économie sociale est donc un enjeu pour le territoire wallon.
Enfin, le clivage se poursuit également, entre les deux types d’économie, sur le genre où les femmes cheffes d’entreprises de l’économie sociale sont plus proches de la parité et plus largement représentées avec 41% contre 22% dans l’économie classique.
Stratégie globale de transformation numérique des EES
Le terme "stratégie globale de transformation numérique" recouvre des réalités différentes selon les répondants, notamment en vertu de la taille des entreprises et de leur secteur d’activités.
Pour contrer cet écueil, l’AdN a tenté d’identifier les principaux composants de cette stratégie globale de transformation numérique. Les éléments budgétaires et les objectifs poursuivis sont les 2 éléments figurant le plus souvent dans les stratégies de transformation numérique des entreprises toutes tailles confondues.
Entre 2020 et 2022, 47 % des entreprises wallonnes ont conduit au moins un projet de numérisation : la création/amélioration de site web (23 %), l’acquisition de nouveaux logiciels (21 %), la numérisation des processus de travail (10%) et des liaisons avec les partenaires (14%) sont les projets numériques les plus fréquemment menés.
Lors de cette étude, l’Agence du Numérique a également interrogé les patrons de l’économie sociale afin d’identifier quels étaient les principaux leviers pour mener ce type de projets dans leur entreprise.
Très clairement, les leviers de numérisation en économie sociale sont assez similaires à ceux de l’économie classique. Seul l’ordre du tiercé des leviers change.
En effet, le principal moteur de la digitalisation en économie sociale réside dans les exigences des clients/bénéficiaires. Les entreprises d'économie sociale ont une mission sociale qui place l’humain au centre de leurs préoccupations. Elles cherchent à répondre à des besoins sociaux et environnementaux tout en favorisant la participation démocratique des parties prenantes. Cela peut potentiellement expliquer que ce levier soit en haut du classement. Le second levier, lui, est le développement de nouveaux produits et services aux clients/bénéficiaires. Et pour clôturer le tiercé, ce sont les gains de productivité qui arrivent en troisième position contrairement à l’économie marchande ou ces derniers constituent le second levier.
Enfin, l’étude démontre une préoccupation plus importante en économie sociale de transformer les contraintes soulevées par le Covid en opportunités. Cela peut s’expliquer, entre autres, par des activités de services tournés davantage vers la personne, et les clients/bénéficiaires.