La Belgique va accueillir une AI Antenna européenne

L'Europe renforce sa stratégie d'autonomie en IA. La Belgique vient d'être sélectionnée par le consortium EuroHPC pour accueillir une AI Antenna. L'AI Factory Antenna belge s'appuie sur un consortium ambitieux coordonné par l'Imec, réunissant 23 centres de recherche, universités et institutions publiques issus des quatre écosystèmes du pays : la Flandre, la Wallonie, Bruxelles-Capitale et l'État fédéral.

La Belgique vient d'être sélectionnée par le consortium EuroHPC Joint Undertaking pour accueillir une AI Factory Antenna. Soutenue par les gouvernements régionaux et par le fédéral, cette infrastructure connectera la Belgique aux supercalculateurs européens les plus puissants et offrira des services d'expertise essentiels aux entreprises, chercheurs et institutions publiques.

Une AI Factory Antenna est une structure nationale qui étend les services des AI Factories européennes sans nécessiter l'investissement dans des infrastructures de supercalcul complètes. Concrètement, elle agit comme un point d'accès local qui connecte les acteurs nationaux aux supercalculateurs optimisés pour l'IA déployés dans d'autres pays européens.

L'Antenna remplit plusieurs missions complémentaires : elle fournit des services d'expertise et un soutien algorithmique adaptés au contexte national, organise des activités de formation, facilite l'accès aux talents, et garantit un accès à distance aux ressources de supercalcul des AI Factories établies. Dans certains cas, elle peut également mettre à disposition des ressources de calcul locales de petite échelle pour l'ajustement fin, les tests et la validation d'applications d'IA, en complément des infrastructures européennes.

Cette approche permet à des États participants comme la Belgique de bénéficier pleinement de l'écosystème européen d'IA sans devoir investir plusieurs centaines de millions d'euros dans un supercalculateur dédié.

L'AI Factory Antenna belge s'appuie sur un consortium ambitieux coordonné par l'Imec, réunissant 23 centres de recherche, universités et institutions publiques issus des quatre écosystèmes du pays : la Flandre, la Wallonie, Bruxelles-Capitale et l'État fédéral.

Parmi les partenaires wallons figurent plusieurs acteurs majeurs de l'innovation :

• Cenaero (Centre de Recherche en Aéronautique);
• L'Agence du Numérique (AdN);
• CETIC (Centre d'Excellence en Technologies de l'Information et de la Communication);
• Multitel;
• Les universités de Liège, Mons, Namur, l'UCLouvain.

Le consortium rassemble également, l'Imec (coordinateur), BELSPO, Belnet, le FPS BOSA, le SPF Economie, la KU Leuven, Sciensano, le SCK CEN, Sirris, les universités de Bruxelles (ULB), d'Anvers, de Gand, de Hasselt, le VIB et la VUB.

"C'est une avancée majeure pour les écosystèmes IA en Belgique. L'antenne AI Factory aidera les entreprises à développer des modèles et applications d'IA en facilitant l'accès aux infrastructures de calcul européennes optimisées pour l'IA et aux données. Rejoindre le réseau européen d'AI Factories et d'antennes renforcera également nos écosystèmes", a déclaré Sabine Demey, coordinatrice du consortium AI Antenna, Imec.

L'Antenna dispose d'un budget total de 10 millions d'euros sur une durée de trois ans, financé à parts égales par l'EuroHPC JU et le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux.

Cette enveloppe permettra de déployer quatre types de services essentiels :

• Des services d'expertise pour développer et déployer des modèles d'IA à grande échelle;
• L'accès à des infrastructures de calcul optimisées pour l'IA;
• L'accès à des ensembles de données de haute qualité et interopérables;
• Des formations sur l'utilisation des infrastructures et des données;
• Une connexion directe vers LUMI et JUPITER.

L'AI Factory Antenna belge connectera les acteurs nationaux aux AI Factories européennes les plus puissantes, notamment LUMI (Finlande) et JUPITER (Allemagne).

JUPITER, classé 4ème supercalculateur mondial, est le premier système exascale d'Europe, tandis que LUMI occupe la 9ème place du classement mondial. Cette connexion offrira aux entreprises, chercheurs et institutions publiques belges un accès privilégié à une puissance de calcul exceptionnelle pour développer leurs projets d'intelligence artificielle.

L'Antenna se concentrera sur des secteurs stratégiques où la Belgique dispose d'expertises reconnues :

• Défense et sécurité;
• Santé, biotechnologies et sciences de la vie;
• Production, robotique et contrôle de processus;
• Espace et aéronautique;
• Transformation numérique des services publics.

D'autres secteurs bénéficieront également largement des services de l'AI Factory Antenna : l'agro-alimentaire, l'environnement et le climat, la mobilité, le transport et la logistique, les sciences et la recherche, les médias, la culture et le divertissement, les services numériques, la construction, ainsi que les technologies transversales et émergentes.

L'AI Factory Antenna vise des objectifs ambitieux qui résonnent avec les priorités de Digital Wallonia :

• Accélérer l'adoption de l'IA dans les secteurs clés de l'économie.
• Contribuer à la souveraineté numérique et technologique de la Belgique et de l'Europe.
• Favoriser un écosystème dynamique de startups et scaleups positionnant la Belgique comme hub européen d'innovation en IA.
• Faciliter l'accès à des datasets de haute qualité et interopérables.
• Démocratiser l'IA en rendant les outils et connaissances fiables largement accessibles.
• Promouvoir une IA économe en ressources alignée avec les objectifs de durabilité.
• Cultiver un vivier de talents en IA pour alimenter l'innovation future dans l'industrie, la recherche et les services publics.

Cette sélection par l'EuroHPC JU témoigne de la reconnaissance internationale de la qualité de l'écosystème belge de recherche et d'innovation. Pour les acteurs wallons, c'est l'opportunité concrète de bénéficier d'infrastructures et d'expertises de niveau mondial pour développer leurs projets d'intelligence artificielle, renforcer leur compétitivité et participer activement à la construction de la souveraineté numérique européenne.

Par ailleurs, le consortium EuroHPC-JU vient également d'annoncer la sélection de six nouveaux sites destinés à accueillir des AI Factories (Usines d'IA), portant ainsi le réseau européen à 19 hubs stratégiques.

Cette expansion, qui s'étend à la République tchèque, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie et l'Espagne, témoigne de l'ambition européenne de s'imposer comme leader mondial de l'intelligence artificielle en offrant des ressources de calcul optimisées aux PME, start-ups et chercheurs.

Chacune des six nouvelles installations a une mission et des domaines d'expertise distincts, répondant aux besoins spécifiques de son écosystème régional et européen :

• République tchèque (CZAI). Ce pôle se concentrera sur les applications pratiques et le développement des compétences. Il sera directement lié au nouveau supercalculateur KarolAIna, qui est spécifiquement optimisé pour les charges de travail d'IA.
• Lituanie (LitAI Factory). L'objectif est de transformer les capacités nationales de calcul haute performance (HPC) en une infrastructure d'IA souveraine. Les secteurs prioritaires sont la cybersécurité, l'énergie verte, l'industrie intelligente et la santé numérique.
• Pays-Bas (NLAIF). Cette Factory mettra l'accent sur les applications impliquant des données hautement sensibles (santé, sécurité, agriculture), en garantissant une infrastructure sécurisée et conforme aux réglementations strictes de l'Union européenne.
• Pologne (Gaia AI Factory). Ce projet vise à accélérer l'adoption de l'IA, notamment dans les domaines de la santé, de l'espace et, de manière stratégique, pour le développement de modèles de langage étendus (LLMs). Elle collaborera avec les sites PIAST et LUMI AI pour créer un écosystème intégré en Europe centrale
• Roumanie (RO AI Factory). L'objectif principal consiste à transformer les PME roumaines et européennes en innovateurs actifs de l'IA. Pour ce faire, celle-ci fournira une suite complète de services, de l'accès au calcul haute performance à l'hébergement d'espaces de données, en passant par des outils garantissant une IA responsable et fiable.
• Espagne (1HealthAI). L'accent est mis sur le concept "One Health" (Santé Unique), qui intègre les santés humaine, animale et environnementale. Un atout majeur réside dans l'inclusion d'une plateforme expérimentale dédiée au développement et au test de modèles d'IA dans ce domaine sensible pour la sécurité sanitaire européenne.

Ces AI Factories transcendent la simple fonction de centres de données : elles sont conçues comme de véritables guichets uniques nationaux, garantissant un accès privilégié à des supercalculateurs spécifiquement optimisés pour l'IA, ainsi qu'à des formations spécialisées et à une expertise technique permettant de développer et de tester des modèles d'IA à grande échelle, le tout au sein d'un écosystème numérique souverain.

L'établissement des AI Factories s'inscrit au cœur d'une offensive européenne d'envergure. Le 8 octobre 2025, la Commission européenne a franchi une étape décisive en dévoilant deux stratégies complémentaires visant à transformer en profondeur l'industrie et la recherche continentales :

• "Apply AI". Cette stratégie cible l'adoption massive de l'intelligence artificielle par les entreprises et les services publics. L'objectif consiste à déployer l'IA au service de onze secteurs stratégiques.
• "AI in Science". Cette initiative vise à consolider l'excellence scientifique européenne en accélérant la recherche grâce à l'IA. Elle se concentre sur l'amélioration de l'accès aux données, à la puissance de calcul et aux talents pour les scientifiques, garantissant que l'Europe demeure à l'avant-garde des découvertes portées par l'intelligence artificielle.

Les AI Factories constituent ainsi l'épine dorsale infrastructurelle de ces deux stratégies en termes de puissance de calcul. Elles exploiteront la capacité des supercalculateurs d'EuroHPC pour développer des modèles d'IA générative de pointe, à la fois performants et fiables.

D'ici fin 2026, au moins 15 AI Factories devraient être opérationnelles, nécessitant l'acquisition d'au moins 9 nouveaux supercalculateurs optimisés pour l'IA triplant ainsi la capacité de calcul européenne. L'investissement global de l'UE et des États membres dans les infrastructures HPC et les AI Factories atteindra 10 milliards d'euros sur la période 2021-2027.

Les AI Gigafactories représentent des installations d'une ampleur considérablement supérieure aux AI Factories, destinées à positionner l'Europe à l'avant-garde du développement d'IA de nouvelle génération. Pour concrétiser cette ambition, la Commission européenne a mis en place l'InvestAI Facility, comprenant un nouveau fonds européen de 20 milliards d'euros visant à créer jusqu'à cinq AI Gigafactories.

Ces Gigafactories constituent un palier d'infrastructures supérieur au réseau des Usines d'IA d'EuroHPC. Elles se définissent comme des installations à grande échelle dédiées au développement et à l'entraînement de modèles d'IA de nouvelle génération, dont la complexité nécessitera des architectures contenant plusieurs milliards de paramètres. Afin d'atteindre cette performance massive, les AI Gigafactories devront mobiliser une puissance de calcul intégrant plus de 100 000 processeurs IA avancés. Elles mettront également l'accent sur l'efficacité énergétique, les chaînes d'approvisionnement fiables et la sécurité du réseau.

Par le biais de l'InvestAI Facility, l'Union européenne entend également encourager les partenariats public-privé afin d'établir un paysage d'investissement sécurisé et de consolider un écosystème d'IA compétitif et innovant au sein de l'Europe.

Le réseau élargi des AI Factories permet non seulement de mutualiser des ressources de calcul de premier ordre, mais surtout de créer un terreau fertile pour l'innovation, soutenant conjointement l'innovation scientifique (AI in Science) et l'adoption industrielle (Apply AI).

En fournissant un cadre réglementaire et technique de confiance, l'EuroHPC JU garantit que les solutions d'IA développées en Europe respectent les principes éthiques et de souveraineté numérique portés par l'Union européenne. L'avenir de l'intelligence artificielle européenne passe nécessairement par cette collaboration transfrontalière et l'accès à ces ressources de calcul de niveau mondial.