Le concept de maturité numérique défini par l’Agence du Numérique permet de combiner la perception de compétences numériques des citoyens avec leurs usages effectifs. Après une période COVID intense en usages, il est intéressant de mesurer l’évolution de cette maturité numérique. Si cette maturité progresse globalement, une analyse en profondeur montre des écarts significatifs au sein de la population.
- Baromètre citoyens 2023. Compétences et maturité numériques
Compétences et perception
15 questions sur certains usages numériques ont été posées aux citoyennes et citoyens wallons, à qui il était demandé de se situer par rapport à ceux-ci :
- Je suis un expert,
- J’ai de bonnes connaissances,
- Je me débrouille sans plus,
- Je ne sais pas le faire.
Même si la maîtrise des compétences varie en termes de facilité, certaines tâches posent toujours des problèmes. Les tâches de création (une présentation, un graphique, une copie de sécurité des données et, surtout, un petit programme) sont les plus problématiques et confirment encore et encore que les usages d’Internet sont, pour la plupart, des usages de consommation.
Il faut malheureusement relever l’évolution négative concernant la sécurité des données dont les réponses "Je ne sais pas le faire" ont augmenté de 8 points par rapport à 2021, alors que ceux ayant répondu "Je suis un expert" enregistrent une diminution de 8 points.
Sans surprise, les personnes ayant de grandes difficultés avec le revenu du ménage connaissent la chute la plus importante mais c’est également le cas pour ceux qui ont une situation la plus confortable. La cause principale est à trouver dans les activités liées à la sécurité des données et à la programmation.
Enfin, la catégorisation des citoyennes et citoyens wallons selon leur classe socio-professionnelle montre une progression des entrepreneurs (constitués principalement d’indépendants) et des étudiants.
L’acquisition de compétences numériques ou la perception de ces compétences par les citoyens wallons durant l’année semble revenir aux niveaux d’avant-COVID. Ce retour à une société hors pandémie semble avoir induit chez beaucoup l’envie ou le besoin de "faire comme avant".
Le manque de pratique implique inévitablement une perte de compétences et, de surcroît, une diminution importante de la perception de compétence. A celle du “Je ne sais pas le faire” succède donc celle du “Je ne sais plus le faire”.
84% des répondants ont indiqué que leur score global calculé correspond bien à leurs compétences réelles.
Perception des compétences au niveau professionnel
79% des personnes actuellement occupées ou en recherche d’emploi considèrent que leurs compétences numériques sont suffisantes pour leur perspective de carrière. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 76% de 2021.
Il reste cependant 21% (+3) de la population wallonne qui estiment ses compétences insuffisantes. Si la différence de genre et d’âge ne permet pas de conclusions éclairantes, l’insuffisance de compétence est plus marquée au sein du personnel ouvrier (24%), que chez les employés (17%), alors qu’elle se situe à 32% chez les chômeurs, pour qui les impératifs liés au numérique sont devenus incontournables.
Enfin, 81% des étudiants de plus de 15 ans considèrent que leurs compétences numériques sont suffisantes, tandis que 16% affirment le contraire.
Demande de formation toujours importante
36% des Wallons souhaiteraient bénéficier de formations pour améliorer leur maîtrise du numérique. Ce pourcentage, à compléter par un taux d’indécis de 6%, est en hausse de 1 point par rapport à 2021. Il témoigne d’un parallélisme évident entre la baisse de la perception de compétences et la demande en formations.
Si on considère les catégories socio-professionnelles, alors qu’ils étaient 44%, les chômeurs sont maintenant 49% des demandeurs de formation, suivis de près par les étudiants (46%) et les employés (44%). Les inactifs de plus de 65 ans sont, quant à eux, 22% à ne pas avoir besoin de formations.
Maturité numérique globale
Le nombre d’usages pratiqués par les citoyens a encore progressé ces 2 dernières années, passant de 17,1 à 21.
Au niveau des classes d’âge, le niveau moyen se situe entre 24 et 27 usages (sur 40) entre 15 et 49 ans, puis connaît une décroissance progressive jusqu’à 75 ans où il chute fortement.
Malgré cette hausse du niveau d’usages numériques, il faut rester attentif au fait que 6,5% de la population wallonne ne renseigne aucun de ces 40 usages et que 3,8% (5,1% en 2021) ’en signalent moins de 5.
En combinant cet indicateur des usages numériques avec la perception des compétences numériques, à parts égales, on obtient un indicateur de maturité numérique.
La moyenne de cet indicateur passe de 50,8 à 54. La population ayant une maturité numérique entre 0 et 5 est en progression de 0,7% par rapport au baromètre précédent qui voyait une chute importante de cet indicateur, passant de 12 à 6,4%.
La population ayant une maturité numérique élevée, supérieure à 66, connaît une progression significative.
On peut dès lors classer la population wallonne en fonction de cet indicateur de maturité numérique, selon 4 niveaux :
- Élevé : 16,7% (+6)
- Moyen supérieur : 42,4 (-3,9)
- Moyen inférieur : 23,6 (-1,5)
- Faible : 17,3 (-0,6)
Les étudiants restent une population qui évolue beaucoup moins fortement que les autres, affichant une maturité numérique élevée. Et il reste encore 10% d’entre eux qui témoignent d’une maturité numérique faible.
La femme seule reste une catégorie très fragile vis-à-vis du numérique, puisque 42% d’entre-elles sont classées avec une maturité numérique faible.