Etude et analyse

Publié le 17 septembre 2021

Outre les grands indicateurs d’usages et d’équipements numériques, et les analyses de la fracture numérique, le Baromètre 2021 de maturité numérique des citoyens wallons propose 4 priorités d’action pour développer les compétences numériques des Wallons : l’école, la formation qualifiante, la formation continue et l’inclusion des publics plus fragilisés.

Le baromètre 2021 de maturité numérique des citoyens wallons réalisé par l’Agence du Numérique dans le cadre de Digital Wallonia délivre un message positif, mais contrasté avec de belles progressions dans les équipements et les usages dans la plupart des catégories de la population. C'est particulièrement le cas avec des évolutions souvent significatives pour les usages des femmes qui comblent ainsi partiellement le retard structurel observé depuis de nombreuses années.

De même, le smartphone se généralise et devient le terminal le plus fréquent pour nombre d’entre nous. Les fractures numériques d’accès et d’usage s’en trouvent manifestement réduites même si elles ne disparaissent pas.

Par contre, bien que le sentiment de compétence numérique se soit accru et que l’indicateur de maturité progresse aussi positivement, une part croissante de la population considère que ses compétences ne sont pas suffisantes et plus d’un tiers des Wallons sont demandeurs de formations au numérique. L’évaluation des attitudes vis-à-vis du numérique montre quant à elle que 32% des citoyens restent éloignés du numérique, auxquels s’ajoutent 10% d’insoumis qui l’utilisent avec parcimonie et 29% d’ambivalents qui nourrissent pas mal d’inquiétudes à son endroit.

Pourtant, les usages du numérique deviennent un fondement de la société comme l’avait (notamment) pressenti le philosophe Michel Serres qui voyait dans le numérique une révolution cognitive du même ordre que l’invention de l’écriture puis de l’imprimerie : "Les nouvelles technologies nous ont condamnés à devenir intelligents" disait-il dès 2004. La récente crise sanitaire a démontré elle aussi que le numérique est une pierre angulaire des stratégies de résilience dans les situations complexes et est simplement indispensable dans la société globalisée de notre XXIe siècle.

Plus d'éducation au numérique


Plus que jamais, l’éducation au numérique s’impose comme la voie principale pour que la population soit mieux informée des bénéfices potentiels, des pièges aussi, et surtout des savoir-faire nécessaires pour tirer le meilleur profit de ces technologies tant pour le développement personnel que pour participer à la vie économique et sociale, voire pour contribuer à une nouvelle citoyenneté.

Cette éducation au numérique doit bien sûr viser en priorité les personnes les plus éloignées du numérique. Un plan global d’inclusion numérique est donc indispensable et doit permettre de former et d’accompagner les personnes de la population active qui n’ont pas les compétences de base nécessaires, ainsi que toutes les personnes qui ne sont pas ou plus actives (en particulier les seniors mais aussi les femmes seules, les réfugiés, les personnes privées de liberté, etc). Les dispositifs tels que le PMTIC et les EPN doivent donc non seulement être renforcés mais aussi étendus pour répondre à l’ensemble des besoins. Leur visibilité et leur notoriété doivent être significativement promues pour que l’ensemble de la population puisse en profiter.

L'enjeu crucial de l'école numérique

L’éducation scolaire au numérique doit aussi être drastiquement renforcée. Le rôle de l’école, fondamentale d’abord, secondaire ensuite, doit être clairement renforcé. Certes les travaux liés au Pacte d’Excellence ont mis en lumière dès 2015 la place prépondérante du numérique : "en termes de savoirs et de compétences, l’école aura à gérer nombre d’évolutions et de tensions relatives à la transition/révolution numérique".

Toutefois, ce n’est qu’en 2020 que la version provisoire du référentiel concernant la "Formation manuelle, technique, technologique et numérique" a été publiée par la FWB. Au-delà de l’intitulé lui-même qui illustre la place modeste réservée au numérique, on y apprend que les premières notions de numérique seront abordées à partir de la 3ème primaire, la collaboration à partir de la 5ème et la sécurité en 6ème.

La mise en œuvre de ce référentiel commencera en septembre 2022 en 3ème primaire et se poursuivra progressivement jusqu’en 2029 pour l’ensemble du tronc commun. Par ailleurs, la réforme de la formation initiale des enseignants, toujours en chantier, peine encore à donner une impulsion décisive au numérique. Pourtant, la récente analyse d’impact des projets "École numérique" montre clairement que, au-delà des questions d’équipement, c’est prioritairement la formation des enseignants qui pose problème.

Des mesures devraient être prises pour dynamiser et accélérer cette transformation et donner aux compétences numériques une place plus en rapport avec la nécessité de les utiliser quotidiennement par tous les citoyens.

La formation continue et éducation permanente

L'éducation ne doit pas se limiter au niveau scolaire car le numérique se transforme en permanence et soulève des questions, voire des inquiétudes, chez bien des usagers, même chez les internautes aguerris.

Les acteurs publics de la formation aux métiers (Forem, IFAPME,...) doivent également de renforcer les orientations numériques de leurs référentiels de formation pour coller au mieux aux besoins qui évoluent sans cesse. Le rôle des entreprises est évidemment crucial aussi pour diffuser, via l’entretien des compétences professionnelles, les savoir-faire actualisés relatifs au numérique.

Une attention particulière doit être portée au niveau de tous les développements d’applications numériques afin que les interfaces soient plus inclusives, c’est-à-dire d’abord plus simples et mieux adaptées à tous les terminaux dont spécialement le smartphone. Plus de constance dans ces interfaces serait aussi propre à moins déstabiliser les usagers les plus faibles et en particulier les seniors.

Des actions d’éducation permanente, s’adressant au grand public, devraient également être développées. Par exemple la Flandre a lancé une mini-séries de 5 émissions (VRT/Canvas) sur les thèmes "Privacy & ik" et "Facebook & ik" afin de démystifier les réseaux sociaux et les questions de vie privée.

Une attention particulière doit être portée au niveau de tous les développements d’applications numériques afin que les interfaces soient plus inclusives : c’est-à-dire d’abord plus simples et mieux adaptées à tous les terminaux dont spécialement le smartphone. Plus de constance dans ces interfaces serait aussi propre à moins déstabiliser les usagers les plus faibles et en particulier les seniors.

L’Agence du Numérique entend continuer à promouvoir, dans le cadre de Digital Wallonia, non seulement les usages, mais aussi la culture numérique, notamment via la mobilisation des différents acteurs pour développer les compétences numériques dont le champ ne cesse de s’accroître vu les développements incessants de la technologie.

Baromètre citoyens wallons Digital Wallonia 2021 recommandations

Pour en savoir plus

À propos de l'auteur.

André Delacharlerie


Agence du Numérique