A l'occasion du salon Municipalia qui s'est déroulé les 17 et 18 avril 2025 au WEX à Marche-en-Famenne. L'Agence du numérique a organisé une série de conférences dédiées à la transition numérique et à la Smart City. Cette intitiative s'inscrit dans le cadre du programme Smart Région de Digital Wallonia. Retrouvez le contenu de l'intervention liée la création d'un Espace Public Numérique (EPN) au sein d'une commune.
Un peu plus de 20 ans d’histoire
C’est au début des années 2000 que commence l’histoire d’une idée toute simple : et si on offrait à tout le monde un endroit pour apprivoiser l’informatique ? Pas juste une salle avec des ordis, non. Un vrai lieu de vie numérique, où chacun (aîné comme ado, demandeur d’emploi comme curieux du web) peut apprendre, bidouiller, s’entraider. C’est donc en 2003, suite à la publication d’un livre blanc consacré à ce nouveau dispositif (écrit par Pierre Lelong et Philippe Allard, préfacé par Marie Arena, alors Ministre de l’Emploi et de la Formation du Gouvernement wallon), que les Espaces Publics Numériques, ou EPN, naissent véritablement en Wallonie.
Depuis, ces espaces ont fleuri un peu partout : 218 lieux sont labellisés "EPN de Wallonie" et couvrent 159 communes wallonnes, ancrés dans les quartiers, portés par des communes (22% d’entre eux), des bibliothèques (la lecture publique représente 30% des cellules porteuses), des ASBL (21%) ou des CPAS/PCS (Plan de Cohésion Sociale, 27%). Leur mission ? Rendre le numérique accessible à toutes et tous, avec de l’équipement, des ateliers, de l’accompagnement, des formations, du dépannage bienveillant. Parce que oui, un formulaire en ligne peut faire plus peur qu’un désert!
La lutte contre la fracture numérique, nommée par ces termes depuis 1996 (et transposée face au Digital Divide du Président américain Bill Clinton), a renforcé l’impact des Espaces Publics Numériques sur les citoyens, devenus par la force des choses des lieux de médiation numérique, véritable colonne vertébrale de l’inclusion numérique citoyenne.Une charte permet à ces EPN de devenir des "EPN de Wallonie", label qu’ils peuvent apposer sur leur site web, leur page Facebook ou tout autre document, et de faire partie avec les autres membres d’une communauté de partage animée par Technofutur TIC.
Des EPN pour tout le monde
Les publics sont variés. Les seniors, bien sûr, souvent premiers à pousser la porte : l’usage du numérique leur apparaît comme imposé et n’a jamais fait partie de leur culture. Les jeunes, que l’on pense tous "digital natives", mythe largement contesté depuis plusieurs années pour des citoyens qui savent swiper plus vite qu’ils ne comprennent comment sécuriser leur compte. Enfin, les demandeurs d’emploi comptent parmi les visiteurs réguliers des EPN, pour qui une adresse mail ou un CV Word sont des sésames vitaux et à qui on demande de plus en plus des compétences numériques élevées.
Mais tout le monde est concerné par ces lieux de médiation numérique.Selon le dernier Baromètre de Maturité numérique des citoyens wallons, réalisé par l’Agence du Numérique, les couples sans enfants et les ménages seuls sont très souvent éloignés du numérique, l’enfant ou l’adolescent étant un vecteur d’arrivée du numérique au sein d’un ménage. Et puis, l’évolution technologie que nous connaissons oblige chacune et chacun à améliorer sa culture numérique, adapter ses usages et, surtout, comprendre les enjeux du numérique, sous peine de rejoindre le groupe des éloignés, voire des fracturés du numérique.
Une mesure centrale du Plan d’Inclusion Numérique
EN 2023, le Plan d’Inclusion Numérique, porté par le SPW EER et l’Agence du Numérique, en collaboration avec TechnoFutur TIC (l’actuel animateur du réseau des EPN) a permis, outre un appel à manifestement d’intérêt pour des dossiers d’inclusion numérique, la création de près de 60 nouveaux EPN, la plus forte progression jamais connue pour ce réseau. C’est plus de la moitié de la Wallonie qui est couverte par un ou plusieurs EPN, qu’ils soient fixes, mobiles ou nomades (un EPN fixe avec des actions décentralisées sur plusieurs communes ou villages).
La reconnaissance de la fonction de médiateur numérique, proposée par ce Plan, a permis de définir un cadre de référence et un statut pour pallier l’absence de reconnaissance. Une épreuve de validation des compétences existe depuis le 1er janvier 2024 et devrait permettre de professionnaliser le secteur, et d’évoluer en fonction des retours du terrain.
Jamais sans mon EPN
Les Espaces Publics Numériques sont indispensables à la médiation numérique. Après 20 ans d’existence, il est temps de repenser leur organisation, leurs missions face aux nouvelles technologies qui marginalisent les citoyens éloignés du numérique, leurs sources de financement, et leur communication pour qu’ils deviennent le premier réflexe des citoyens.
Et surtout, n'oublions pas que le numérique ne se résume pas aux écrans et à l'intelligence artificielle. C'est avant tout une question d'humanité, d'émancipation et de connexion.
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À propos de l'auteur.
Olivier Ruol
Agence du Numérique