Dans le cadre de Digital Wallonia, l'Agence du Numérique a analysé le secteur du numérique et de la recherche numérique en Wallonie. Essentiellement actives dans le software et les services, les entreprises numériques wallonnes sont également largement tournées vers l’international. Un cinquième d’entre elles développent aussi des technologies avancées ou émergentes (IoT, data analytics, AR/VR).
La base de données de Digital Wallonia constitue, la cartographie la plus complète du noyau dur du secteur du numérique wallon avec 1807 entreprises commerciales référencées au 1er décembre 2018 (plus de 2300 entreprises en 2022). Ces entreprises ont une taille et/ou une activité numérique suffisantes pour avoir un impact sur le développement du secteur au niveau régional.
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Produits et services des entreprises du secteur du Numérique
Lorsque les entreprises sont enregistrées sur Digital Wallonia, leurs domaines d’expertise sont qualifiés de manière très précise. La catégorisation de produits et services en vigueur sur la plateforme permet de voir les 5 grands domaines où les entreprises référencées sont actives.
A côté des activités classiques de software (60%) et de services (40%), on constate que 15% des entreprises se positionnent sur le hardware tandis que 14% sont actives sur les technologies de réseaux. Bien sûr, nombre d’entreprises sont actives dans plusieurs domaines simultanément, ce qui explique la somme des pourcentages supérieure à 100.
La consultance en informatique et le conseil en digital marketing figurent en tête des services les plus fréquemment proposés par les entreprises numériques, tandis que des développements Web sont proposés par près d’un quart des entreprises du secteur.
Par ailleurs, près d’un cinquième des entreprises (19%) ayant répondu à l’enquête de l'AdN développent ou produisent des technologies avancées avec une focalisation plus importante dans deux sous-domaines : l’Internet des Objets (IOT) et les capteurs (7%) et l’analyse de données (6%).
Age des entreprises du secteur du Numérique
Les entreprises wallonnes ont en moyenne 19 ans contre 14 pour les entreprises numériques.
Les moyennes pouvant être influencées par des individus anormaux au sens statistique du terme, l’AdN a calculé l’âge médian des entreprises numériques, c'est-à-dire celui qui divise le groupe d’entreprises étudiées en deux parties égales lorsqu’elles sont classées de la plus récente à la plus ancienne.
Ainsi, l’âge médian des entreprises numériques référencées sur Digital Wallonia est de 12 ans. Ce dernier va jusqu’à 16 ans pour les entreprises qui proposent des produits relatifs au réseau mais diminue jusqu’à 9 ans pour celles offrant les produits et services de la catégorie "Advanced". On trouve finalement assez peu d’entreprises (10%) âgées de plus de 30 ans sous leur forme juridique actuelle.
Enquête auprès des 140 entreprises issues du secteur du numérique
Pour aller au-delà de la simple cartographie, l’AdN a profité du baromètre entreprises 2018 pour interroger un échantillon aléatoire de 140 entreprises issues du secteur du numérique référencées sur Digital Wallonia. A cette occasion, elles ont répondu à un questionnaire spécifique précisant entre autres, leurs activités au niveau international, en matière de R&D ou encore concernant les caractéristiques des chefs d’entreprise du secteur.
Même si l’échantillon n’est pas représentatif au sens statistique du terme, les données recueillies auprès des 140 entreprises numériques interrogées permettent de dresser un portrait qualitatif assez précis des réalités et tendances rencontrées au sein du secteur.
La répartition des entreprises répondantes selon l’activité est légèrement différente de celle que l’on peut observer sur Digital Wallonia. Ainsi, la proportion des acteurs de services est un peu plus importante (56%) de même que pour le hardware (26%) et le réseau (24%) tandis que le software (58%) et les technologies émergentes (11%) sont un peu moins présents.
Le profil des entreprises
Les entreprises numériques sont davantage multi-sites et situées dans des zonings industriels. Le caractère multi-site d’une entreprise est un facteur qui augmente ses performances en termes de transformation numérique tandis que la localisation en parc d’affaires garantit une connectivité plus performante.
Au niveau provincial, les entreprises répondantes sont massivement (40%) localisées en Brabant wallon. La proportion est un peu moindre dans l’ensemble de la base de données Digital Wallonia puisque l’on comptait au 1er décembre 2018 :
- 545 en Brabant-Wallon
- 546 en province de Liège
- 382 en Hainaut
- 278 en province de Namur
- 56 en province de Luxembourg
Le Brabant wallon se montre donc très attractif pour le secteur car cette province est avantageusement située par rapport à Bruxelles, capitale européenne. Elle est à proximité des aéroports internationaux de Zaventem et de Charleroi, ainsi qu’à quelques heures de route des grandes capitales voisines. Au-delà du rayonnement international de l’Université catholique de Louvain, le Brabant wallon peut également s’enorgueillir d’avoir une main d’oeuvre en moyenne très qualifiée favorisant le développement des parcs d’affaires et scientifique qui attirent un grand nombre d’entreprises de pointe éventuellement internationales.
La richesse du tissu économique (grandes entreprises, secteur pharmaceutique, etc.) de cette province en fait un vivier d’affaires potentiel très intéressant pour les entreprises technologiques. Tous ces paramètres expliquent pourquoi le Brabant wallon est une localisation de choix pour beaucoup d’acteurs du secteur du numérique.
Les chefs d’entreprises
Les dirigeants des entreprises numériques interrogés dans la présente étude sont en moyenne plus jeunes et plus diplômés que ceux des entreprises wallonnes en général. Ainsi, plus de la moitié d’entre eux (57%) sont universitaires contre 30% en moyenne dans les entreprises régionales. 73% ont moins de 55 ans contre 63% des dirigeants des entreprises wallonnes en général.
En raison de leur âge et de leurs qualifications, les chefs d’entreprises du numérique ont une vision beaucoup plus positive de la transformation digitale que la plupart des dirigeants wallons. En effet, 66% d’entre eux estiment que la transition numérique "est une opportunité à saisir absolument" contre 35% en moyenne dans le reste de l’économie régionale.
Par ailleurs, en ce qui concerne la mixité au sein du secteur du numérique, on ne peut que constater qu’il est particulièrement masculin. En effet, si parmi les dirigeants wallons, 19% seulement sont des femmes, dans le secteur du numérique ce taux chute à 7%. La masculinisation des études à caractère scientifique et technique (sciences appliquées, technologie, informatique, ingénierie et mathématiques) qui se confirme depuis le début des années 90 est en partie responsable du faible taux d’inclusion des femmes aux postes à fort pouvoir décisionnel dans le secteur du numérique.
De plus, seulement 19% des chefs d’entreprises numériques interrogés déclarent vouloir recruter des femmes au sein de leur personnel. Les autres considèrent que le genre n’est pas un critère de recrutement. Ce taux témoigne du travail de sensibilisation qu’il reste à accomplir auprès de ces dirigeants pour qu’ils prennent conscience du fait que recruter des femmes constitue un des remèdes à la pénurie de profils qualifiés dont souffre le secteur de manière chronique.
Croissance des entreprises
Pour évaluer la croissance des entreprises, il est classique de se baser sur l’analyse des bilans mais cette approche n’est pas toujours suffisante. En effet, une entreprise qui semble en bonne santé financière aujourd’hui pourra se révéler peu rentable sur le long terme et inversement. Les analystes ont donc pour habitude de prendre en compte d’autres facteurs pour déterminer si des entreprises sont en phase de croissance ou non. Parmi ces derniers, on trouve notamment, la création d’emplois, l’augmentation du chiffre d’affaires ou encore l’innovation en matière de processus et de produits/services.
L’AdN a utilisé ces éléments pour analyser la croissance des entreprises interrogées dans le cadre de l’enquête. Cela met en évidence le dynamisme du secteur du numérique par rapport à l’économie régionale dans son ensemble.
Ressources humaines
69% des entreprises interrogées ont embauché du personnel depuis 2016. Par ailleurs, plus de la moitié (53%) comptent recruter d’ici 2020. Le secteur du numérique est donc en forte demande de profils qualifiés. Le Forem a d’ailleurs cité tous les métiers de l’informatique comme choix d’études à privilégier pour les jeunes en 2018 tandis qu’il a classé certains de ces métiers sur sa liste des métiers en pénurie (métiers pour lesquels le réservoir de demandeurs d’emplois qualifiés ou qualifiables est insuffisant pour répondre à la demande) :
- Expert en cybersécurité
- Analyste informatique
- Développeur informatique
- Analyste business
- Chef de projet informatique
Les profils les plus recherchés par les entreprises numériques interrogées dans l’enquête correspondent très largement à cette liste :
- Analystes programmeurs (55%)
- Gestionnaires de projets IT (46%)
- Développeurs de sites web (27%)
- Spécialistes de la sécurité et du cryptage (23%)
- Gestionnaires et analystes de données (23%)
Agoria estime le nombre de postes vacants dans les filières numériques à 30.000 en Belgique dont 15.000 postes techniques (ingénieurs, électro mécaniciens, monteurs, etc.) et 8.000 postes d’experts tels que des gestionnaires de projets IT ou encore des business analysts.
Par ailleurs, les entreprises du numérique sont les championnes de la formation continue du personnel. En effet, 49% ont organisé une formation traitant du numérique pour au moins un membre de leur personnel en 2017 contre 10% en moyenne au sein des entreprises régionales. Le secteur du numérique se caractérise entre autres, par un environnement concurrentiel mondialisé où les technologies évoluent rapidement; il est donc heureux et normal que ce secteur soit particulièrement attentif au maintien de l’employabilité des travailleurs.
Ouverture à l’international
Une autre caractéristique forte des entreprises du numérique est leur ouverture à l’international. Ainsi, 64% d’entre elles exportent contre 19% des entreprises wallonnes en général. De plus, 36% ont l’intention de développer leurs exportations. Beaucoup font affaire avec les pays limitrophes mais pas uniquement comme en témoigne l’infographie ci-dessous, où l’on voit que 30% des entreprises interrogées exportent vers l’Amérique et le Canada.
Par ailleurs, un cinquième des entreprises du numérique (21%) sont déjà implantées à l’étranger tandis que 8% supplémentaires comptent le faire prochainement. Là encore, souvent au sein des pays limitrophes mais aussi en Amérique, au Canada ou encore en Chine.
Enfin, 36% des entreprises interrogées ont noué au moins un partenariat technologique avec d’autres sociétés. La majeure partie (75%) au niveau national mais un tiers (33%) revendiquent au moins un partenariat de ce type en France, 20% aux Etats-Unis et 16% aux Pays-Bas.
Recherche et développement
Dans un environnement technologique évoluant rapidement, la longévité des entreprises est intimement liée à l’innovation. C’est la raison pour laquelle 58% des entreprises de l’échantillon investissent dans la recherche et le développement. Outre les logiciels métier et sectoriels, l’analyse de données, l’intelligence artificielle et les capteurs sont au cœur des recherches dans le numérique en Wallonie.
Ces activités de recherche ont conduit 27% des entreprises interrogées à protéger des marques ou procédés tandis que 12% ont déposé des brevets.
Enfin, 16% des entreprises ont participé à au moins un projet européen de recherche.
44% des répondants à l’enquête collaborent avec le monde de la recherche dans le cadre de leurs projets d’innovation. Les universités (33%), les centres de recherche (21%) et les pôles de compétitivité (14%) sont les trois principaux partenaires de cette R&D.
La recherche numérique en Wallonie. Universités et centres de recherche
En complément des observations qui viennent d’être faites au sujet des entreprises du secteur du numérique, il est intéressant d’examiner aussi les acteurs universitaires de la recherche dans les mêmes domaines. A cette fin, Digital Wallonia a élaboré, avec l’aide du réseau LIEU (Liaison-Entreprise-Université), une cartographie des centres de recherche agréés (CRA) et des unités de recherche qui sont actifs dans le numérique en Wallonie, au total, on en dénombre 60.
Ce sont les technologies avancées qui se taillent bien évidemment la part du lion.
Dans le détail de la recherche portant sur les technologies avancées, on voit que ce sont les capteurs et autres objets connectés qui sont actuellement développés dans près d’un tiers des laboratoires, suivis par les procédés d’analyse de données, l’intelligence artificielle (IA) ou encore la réalité virtuelle (AR/VR).
Les recherches sur les nanotechnologies, la robotique ou encore la blockchain pour n’en citer que quelque-unes, sont plus confidentielles mais bien présentes aussi.
Les unités de recherche référencées sur Digital Wallonia se consacrent aussi à des produits et services plus classiques tels que les nouveaux logiciels, les équipements réseaux ou encore les composants électroniques.
Méthodologie
Définir le secteur du numérique est une tâche de plus en plus ardue car les technologies investissent progressivement tous les domaines d’activité économique. Ainsi, de nombreux métiers exploitent le numérique à plusieurs niveaux depuis le processus de création, en passant par la production, jusqu’à la distribution des produits et services. S’y ajoutent les biens dont le format est devenu numérique comme par exemple, les tickets de spectacles, une partie de la presse ou encore certains services bancaires. Produire une étude du secteur du numérique en Wallonie nécessite dès lors, de s’accorder sur les contours du secteur.
Traditionnellement, c’est la classification NACE-BEL (ou simplement NACE), déclinaison belge de la classification internationale type par industries, de toutes les branches d’activités économiques (CITI, également utilisée par l’OCDE) qui sert de référence pour définir le secteur du numérique. Cette nomenclature est le cadre de référence des travaux d’Eurostat et de Statbel.
Malgré une évolution significative de la Nomenclature statistique des Activités économiques dans la Communauté Européenne (NACE) lors de sa révision en 2008, celle-ci manque de finesse pour catégoriser les multiples variantes de l’activité au sein de l’écosystème numérique. De plus, l’émergence régulière de technologies nouvelles complique encore cette classification.
Enfin, les entreprises actives dans le numérique ont souvent plusieurs domaines d’expertise qu’il est utile de distinguer. En effet, nombre d’acteurs sont actifs à la fois dans la programmation (NACE 62010) et dans le conseil informatique (NACE 62030) ainsi qu’éventuellement dans d’autres activités. Ces différentes raisons expliquent pourquoi il est souvent réducteur de définir l’activité d’une entreprise numérique au moyen d’un seul code NACE.
Pour compenser cette imperfection de représentation, l’AdN se base, dans le cadre de la Plateforme Digital Wallonia, sur une nomenclature étendue reposant à la fois sur les classifications CITI/OCDE et sur le code NACE pour référencer les entreprises actives dans le secteur du numérique wallon. Cela présente l’avantage de pouvoir intégrer des activités de digital marketing ou encore une partie des agences de publicité (Agences Web) dans le secteur du numérique.
Pour le référencement des entreprises sur Digital Wallonia, l’AdN privilégie les activités de conception, de fabrication et de diffusion de technologies intrinsèquement numériques à valeur ajoutée plutôt que le simple commerce de détail de produits ayant une composante numérique.
Le secteur du numérique en Belgique
Selon Statbel, sur base des codes NACE BEL traditionnellement associés au secteur du numérique, la Belgique comptait plus de 37.500 entreprises numériques en 2016. Le chiffre d’affaires du secteur s’élevait à 32,8 milliards d’euros soit une croissance de 20 % entre 2013 et 2016. La majeure partie (71 %) du chiffre d’affaires global a été générée par les branches "Télécommunications" et "Programmation, conseil et autres activités informatiques". La valeur ajoutée nette du secteur du numérique a atteint plus de 14,5 milliards d’euros en 2016, soit une hausse de 14 % par rapport à 2013.
Les branches industrielles du secteur contribuent respectivement à 7,82 % du chiffre d’affaires et 8,52 % de la valeur ajoutée.
Enfin, le nombre de postes de travail dans les filières numériques était estimé à 102.142 unités réparties en 2017, ce qui constitue une hausse de 3,8 % par rapport à 2016.
Le secteur du numérique en Wallonie
Sur base des bilans publiés en 2015 et 2016, l’IWEPS évalue la part du secteur du numérique au sein des 3 régions comme suit.
Bruxelles
- Nombre d’entreprises : 8,2% (6.386)
- Création de valeur ajoutée : 9,1%
- Emplois ETP : 7,9%
Flandre
- Nombre d’entreprises : 5,7% (23.526)
- Création de valeur ajoutée : 4,4%
- Emplois ETP : 5,3%
Wallonie
- Nombre d’entreprises : 5,4% (9.903)
- Création de valeur ajoutée : 3,7%
- Emplois ETP : 4,3%
Source : Centrale des Bilans et calculs IWEPS, 2017
Le tableau montre que le secteur du numérique occupe une place plus importante en termes de création d’emplois et de création de valeur ajoutée dans l’économie de la région de Bruxelles-Capitale qu’au sein des deux autres régions du pays.
Le nombre d’entreprises actives dans le numérique en Wallonie avoisine donc les 10.000 unités, mais il est important de préciser que seulement 917 d’entre elles emploient du personnel tandis que 593 occupent plus de 5 travailleurs. Toujours selon l’IWEPS se basant sur des données de 2014, 12 entreprises du secteur ont leur siège en Wallonie et emploient plus de 100 travailleurs contre 37 à Bruxelles et 127 en Flandre.
C’est donc notamment, pour mettre en évidence les entreprises du numérique qui jouent un rôle moteur en termes d’innovation numérique en Wallonie que la plateforme Digital Wallonia est née en 2015.