Dans le cadre de sa stratégie « Shaping Europe’s digital future », la Commission européenne a organisé son 4ème Digital Day. Parmi les thèmes de cette édition : la norme d’excellence des startup nations de l’UE et une transformation verte et digitale de l’UE.
Cet événement était l'occasion pour les États Membres de se positionner sur des sujets majeurs. L'intérêt de ces prises de position réside dans leur aspect contraignant pour ceux qui les signent.
Toutes les informations sur le Digital Day 2021.
Une norme d’excellence des startup nations
La capacité des startups à développer des innovations révolutionnaires en réponse aux besoins du monde réel, à créer de nouveaux emplois et à créer des synergies avec les fortes industries traditionnelles européennes n’est plus à prouver. Être une "startup nation" est donc un enjeu économique pour bien des pays, et l’Europe compte bien en tirer profit en aménageant un environnement adapté à leur émergence et en stimulant leur croissance.
Cependant, les fondateurs de startup sont confrontés à des défis considérables, tant en termes de recrutement, de levées de fonds, que de règlementation. L’Europe souhaite donc, grâce à sa déclaration, amener ses États Membres à rendre leurs territoires plus favorables à ces jeunes pousses. Concrètement, elle propose ici la mise en place en 2021 d’un "Startup Nations’ hub" et met à disposition des États Membres une liste de bonnes pratiques testées et approuvées par certains de ces États et leurs partenaires.
Des États Membres qui s’engagent
L’objectif de ces déclarations est d’inciter fortement les pays les ratifiant à agir. Et par ailleurs, à accepter le contrôle de l’engagement qu’ils ont pris. Il ne s’agit donc pas d’un acte anodin, en témoigne la création d’un Startup Nations’hub qui aura pour mission de monitorer les progrès en la matière.
Qu’implique la ratification ?
- Sensibiliser à l’existence de ces bonnes pratiques et soutenir leur mise en oeuvre.
- Définir les caractéristiques clés d’une startup, caractéristiques qui seront identiques dans toute l’Europe et serviront de base à la rédaction de nouvelles politiques communes.
- Reconnaitre l’importance d’un environnement adapté aux startups.
- S’engager à prendre des mesures au niveau national pour mettre en œuvre des bonnes pratiques qui soutiennent les startups et les grandes entreprises à toutes les étapes de leur développement.
- Désigner un responsable principal pour coordonner ces efforts et travailler avec la Commission européenne et d’autres États Membres.
- Contribuer à la création du Startup Nations’hub et à la création d’une plate-forme de données commune pour tous les États Membres. La plate-forme facilitera également la mesure et le suivi des progrès réalisés sur la base de rapports réguliers des États Membres dans la mise en œuvre des meilleures pratiques.
Les bonnes pratiques
Issues de l’expérience des différents pays et acteurs du monde économique et digital, la liste proposée des bonnes pratiques relève les freins majeurs de la création et évolution de startup afin d’éviter les écueils et permettre une croissance rapide.
Cette liste n’étant pas figée, elle est amenée à évoluer suite aux commentaires des parties prenantes et de leurs retours d’expérience.
- Création rapide de startup, entrée en douceur sur le marché.
- Attirer et retenir les talents.
- Options d’achat d’actions.
- Innovation dans la réglementation.
- Innovation procurement (y compris les politiques de transfert de technologie).
- Accès au financement.
- Inclusion sociale, diversité et protection des valeurs démocratiques.
- Digital-First (numérique d’abord).
Les startups au coeur de l'innovation numérique en Wallonie
Dans cette optique, le baromètre 2020 Digital Wallonia montre que les startups numériques et tech en Wallonie sont de plus en plus actives dans les produits et services "avancés". Désormais, 43% des startups wallonnes sont positionnées sur ces technologies, ce qui témoigne d'une intensité d'innovation en progression.
Parmi ces technologies avancées, 3 technologies se distinguent de manière forte, à la fois en valeur absolue et en progression par rapport à 2018 :
- l'intelligence artificielle (44% des startups actives dans les technologies avancées),
- l'internet des objets (38%),
- la réalité augmentée et/ou virtuelle (18%).
Une transformation verte et numérique de l’UE
L’autre déclaration majeure de cette 4e édition du Digital Day concerne la préoccupation écologique de l’usage des technologies, en continuité avec la ligne directrice du Green Deal européen. L’Europe ambitionne de soutenir la concurrence mondiale sur le marché des technologies vertes, notamment en promouvant des technologies innovantes, l’électronique de faible puissance et la durabilité environnementale des solutions TIC.
Cette déclaration (lien vers le document PDF de la déclaration ?!) incite entre-autres les État Membres à participer à la Coalition numérique verte européenne qui vise à accélérer la transition du secteur des TIC vers une économie durable, neutre sur le plan climatique, circulaire et zéro pollution tout en contribuant à une société et une économie innovantes, durables, inclusives et résilientes.
Des États Membres qui s’engagent
Encore une fois, la ratification de ce document implique des actions de la part des signataires, et un reporting régulier vers l’Europe. Concrètement, un référentiel commun devra être utilisé pour promouvoir le partage d’expériences, de bonnes pratiques et d’actions-clés liés à la mise en œuvre et au suivi de cette Déclaration.
Dans les grandes lignes, le signataire s’engage à :
- Accélérer le développement et le déploiement de technologies numériques telles que les réseaux à très grande capacité.
- Soutenir le développement d’un modèle numérique de la Terre pour surveiller et simuler l’activité naturelle et humaine (appelé Destination Terre).
- Rendre les données de haute qualité disponibles et accessibles grâce à des espaces de données européens communs standardisés et interopérables.
- Promouvoir l’utilisation d’un jumeau numérique pour les nouveaux bâtiments publiques et mettre en place un réseau européen de jumeaux numériques de l’environnement physique.
- Exploiter pleinement le potentiel de la technologie pour contribuer aux bâtiments répondant aux normes environnementales les plus élevées du cycle de vie.
- Accroître l’efficacité énergétique en modernisant les réseaux de connectivité et de distribution d’électricité, grâce à la transformation numérique des systèmes et des processus.
- Tirer pleinement parti des technologies numériques (y compris par la normalisation) pour soutenir des systèmes de mobilité intelligente et durable.
- Appliquer des technologies et des solutions numériques sécurisées pour améliorer l’efficacité et l’allocation des ressources, encourager la symbiose industrielle et le partage d’actifs, l’éco-conception des produits, promouvoir la durabilité, réparer (y compris les mises à jour logicielles), réutiliser et recycler.
- Élaborer un passeport numérique pour le suivi et la traçabilité des produits et des matériaux.
- Accélérer la transformation verte et numérique des services publics.
- Contribuer à l’utilisation d’un cloud et d’une blockchain neutres, durables et économes en énergie.
- Proposer que le déploiement de réseaux et de centres de données soit conforme aux normes appropriées en matière de durabilité environnementale.
- Promouvoir et soutenir la création de marchés publics verts comme option par défaut.
- Développer des technologies matérielles économes en énergie et durables, produites avec moins d’impact sur l’environnement.
- Envisager l’utilisation de programmes de financement de l’UE et tirer parti du capital-investissement, y compris le capital-risque, pour soutenir les start-ups et les PME européennes de technologies vertes.
Le mémorandum des Digital Wallonia Champions sur la Société Digitale
On rappellera que la plupart de ces préoccupations ont été au coeur des travaux de la deuxième Université d'Eté des Digital Wallonia Champions consacrée au modèle de société digitale pour la Wallonie. Le mémorandum issu de ces travaux a été remis le 5 décembre 2019 au Ministre du Numérique lors de l’événement SHAKE Digital Wallonia.
Le digital, plus que jamais au cœur des préoccupations européennes
On peut le lire dans les déclarations, on peut le percevoir au travers des actes, le numérique représente pour l’Europe à la fois un objectif et un indispensable pour la reprise économique et la croissance. Mais cet engagement se fait de manière réfléchie, co-construite, inclusive.
Ce 4ème digital day devrait voir ces déclarations ratifiées par de nombreux États Membres, dont la Belgique.