Caroline Devillers, Digital Wallonia Champion, innove constamment dans la ferme qu’elle exploite avec son mari. Leur équipement numérique apporte simplification et écologie. Découvrez comment par le biais de leur système d’irrigation unique dans le Benelux.
Caroline et Manu Jadin-Devillers sont agriculteurs à la Ferme du Plein Air en Hesbaye. Ils exploitent des cultures traditionnelles et maraîchères, dont une bonne partie est convertie à l’agriculture biologique.
Tous deux issus du monde de l'agriculture et ingénieurs agronomes de formation, ils font face au contexte agricole difficile en intégrant, entre autres, petit à petit des technologies innovantes dans leur exploitation.
De la productivité à la durabilité
Si la productivité a été, au cours des dernières décennies, le maître mot en agriculture, il faut aujourd’hui se préoccuper de durabilité. Pour y parvenir, il faut revoir sans cesse notre manière de travailler de façon intelligente.
On distingue 3 dimensions pour optimiser une ferme durable :
- Économique : gain de productivité et d’efficacité, revenu décent, gestion raisonnée, solidité commerciale, …
- Environnementale : qualité écologique des pratiques, substitution de la chimie par la technologie, respect de la biodiversité, réflexion sur la dépendance énergétique, …
- Sociale : meilleure communication, plus de collaboration, pénibilité du travail, respect du consommateur, transmission de l’outil, …
Pour répondre à la mise en œuvre de ces critères, différents angles d’attaque sont possibles comme la conversion à l'agriculture bio, la distribution en circuit court ou l'intégration des nouvelles technologies.
Le Smart Farming, pourquoi ?
Les nouvelles technologies apportent une meilleure connaissance des champs et une optimisation des opérations culturales à chaque endroit de la parcelle. Cette combinaison maximise les rendements et réduit l’usage des intrants, que ce soit en agriculture conventionnelle ou biologique.
A la Ferme du Plein Air, cela se traduit actuellement par l’utilisation de téléguidage GPS, de cartographie et de mesures du sol connecté (nature, hygrométrie, tension de l’eau), d’un désherbeur solaire à 8 lits et, depuis peu, d’un pivot central d’irrigation. Cette dernière technologie est unique dans le Benelux.
[caption id="attachment_363352" align="alignnone" width="423"] Désherbeur solaire à 8 lits dans une parcelle de carottes Bio.[/caption] [caption id="attachment_363385" align="alignnone" width="768"] Matière sèche de la parcelle "Grande de Seumois" estimée par un vol de drone et carte de modulation d’apport d’azote générée sur la même base pour la deuxième application.[/caption]
Focus sur le pivot central d’irrigation
[caption id="attachment_363378" align="alignnone" width="1717"] Le pivot central d'irrigation[/caption]
Le système d’irrigation par enrouleur est le plus courant dans nos contrées. S’il est le moins cher à installer, il est énergivore (usage de la haute pression), peu efficace (un effet "splash" génère une croûte imperméable dite "de battance"). Il est aussi très sensible au vent. Cela restreint son utilisation et nécessite une surveillance permanente et une distance de sécurité par rapport aux axes routiers.
L’utilisation d’un pivot central d’irrigation annule tous ces effets indésirables. Caroline et Manu ont installé le premier specimen du Benelux à Thorembais Saint Trond.
Depuis ce changement technologique, Caroline et Manu constatent une diminution de consommation d’énergie (due à l’usage de pression très basse), et une efficacité accrue qui s’approche d’une petite pluie naturelle par sa régularité et sa délicatesse.
En effet, les asperseurs sont disposés tous les 3 mètres à 1,5m de hauteur et projettent l’eau à basse pression avec précision sur la culture. Ce principe permet d’apporter l’eau quand et où elle est nécessaire.
C’est aussi la technique d’irrigation la plus fiable et la plus simple à piloter. Une simple commande par smartphone déclenche l’irrigation du volume souhaité sur le secteur souhaité.
Ce système prend toute son ampleur quand il est lié à d’autres technologies. Pour une gestion optimale de l’eau, la parcelle est équipée d’une station météo connectée et de tensiomètres connectés. Ces derniers indiquent quand un apport d'eau est nécessaire en mesurant le niveau d'hygrométrie à proximité du système racinaire.
La mise en œuvre de ces technologies répond avant tout à une démarche agronomique, mais sa plus-value tant en termes environnemental que de confort de travail est évidente. Le calcul économique pourra être réalisé avec un peu plus de recul, mais se veut également prometteur !
Utiliser les nouvelles technologies numériques, c'est peut-être là le salut de notre agriculture wallonne.