A l'occasion du Mobile World Congress qui se déroulait du 3 au 6 mars 2025, une dizaine d'acteurs wallons étaient présents sur le stand organisé par l'AWEX en collaboration avec Flanders Investment and Trade, hub.Brussels et l'Agence du Numérique (AdN). Cette initiative s'inscrit dans le cadre du programme Digital Wallonia International de la stratégie numérique de la Wallonie. Que faut-il retenir de cette édition 2025 ?
Le Mobile World Congress 2025 a mis en lumière l'accélération de la transformation numérique des opérateurs télécoms, avec des annonces marquantes de Telefónica et Orange, mais aussi des innovations de rupture chez les équipementiers et les start-ups.
L'industrie télécom en réinvention permanente
Le Mobile World Congress de Barcelone s'est imposé comme le baromètre annuel des tendances qui façonnent l'industrie des télécommunications. L'édition 2025 confirme certaines tendances dans l'évolution du secteur, avec pour thème central la transformation des opérateurs télécoms en véritables plateformes technologiques.
Cette mutation profonde, souvent résumée par l'expression "telcos to techcos", repose sur plusieurs piliers technologiques qui ont structuré l'ensemble des annonces et démonstrations :
- L'intelligence artificielle embarquée devient omniprésente dans les infrastructures et services télécoms, optimisant en temps réel les performances et la consommation énergétique des réseaux.
- La virtualisation et la "cloudification" des infrastructures s'accélèrent, transformant des éléments autrefois matériels en composants logiciels flexibles.
- L'ouverture des réseaux via des API standardisées crée un terrain favorable à l'innovation, permettant à des développeurs externes d'exploiter les capacités des réseaux.
- Le développement durable et l'efficience énergétique s'imposent comme impératifs stratégiques dans un contexte de transition écologique et de hausse des coûts énergétiques.
- La 5G avancée et la préparation de la 6G dessinent les contours des réseaux du futur, avec des démonstrations de cas d'usage inédits nécessitant ultra-basse latence et débits massifs.
- L'émergence de solutions sectorielles dédiées montre la volonté des opérateurs d'adresser les besoins spécifiques de verticales comme la santé, l'industrie 4.0 ou la ville intelligente.
Dans ce paysage en rapide mutation, les stratégies présentées par deux opérateurs majeurs que sont respectivement Telefónica et Orange illustrent des visions complémentaires pour illustrer cette transformation.
Telefónica mise sur la santé connectée avec NVIDIA
L'opérateur espagnol a marqué les esprits en présentant une stratégie ambitieuse centrée sur l'intégration des technologies de pointe au service de la santé. En s'appuyant sur un écosystème combinant 5G, edge computing et IA, Telefónica a dévoilé deux solutions médicales révolutionnaires, développées en partenariat avec NVIDIA.
Une infrastructure edge optimisée pour la santé
Le socle technologique développé par Telefónica repose sur une architecture edge sophistiquée :
- Serveurs NVIDIA EGX équipés de puces H100 GPU, offrant une puissance de calcul massive directement au niveau des centres de données locaux.
- Plateforme NVIDIA AI Enterprise avec Kubernetes orchestré par Red Hat OpenShift, assurant flexibilité et scalabilité.
- Couche de sécurité NVIDIA BlueField-3 DPU pour l'isolation complète des données médicales sensibles.
- Communication ultra-rapide via réseau 5G Standalone avec slices dédiés, garantissant une latence minimale.
Cette architecture offre des avantages déterminants :
- Latence réduite à 8 ms entre capteurs et infrastructure edge (contre 120 ms via cloud public).
- Efficacité énergétique améliorée de 40% grâce au refroidissement liquide direct.
- Souveraineté des données garantie, conformément aux réglementations européennes.
CatEye : révolutionner le diagnostic ophtalmologique
La première solution phare présentée par Telefónica, CatEye, a été développée avec la startup Edgendria Innovación pour transformer l'approche du diagnostic ophtalmologique.
Le dispositif repose sur une caméra haute résolution dotée de servomoteurs nanométriques d'une précision exceptionnelle (±0,1°). Cette technologie capture des images rétiniennes en 16K, générant des fichiers détaillés de 2,5 Go par œil. Ces données sont transmises en seulement 1,2 seconde via le réseau 5G SA vers la plateforme edge hébergée dans les centres de données locaux de Telefónica.
L'innovation majeure réside dans le traitement des images. Le modèle de vision par ordinateur MONAI (Medical Open Network for AI) exploite la puissance des GPU NVIDIA pour analyser ces images en seulement 3,7 secondes, contre 14,8 secondes sur un cloud central traditionnel. La latence totale (acquisition et traitement) est ainsi réduite à 5 secondes, un gain de performance spectaculaire par rapport aux 45 secondes nécessaires dans une configuration cloud standard.
Sur le plan clinique, l'IA détecte 18 paramètres pathologiques différents (opacité cristallinienne, déformation maculaire, etc.) avec une précision de 98,7%, validée par l'Institut de Microchirurgie Oculaire de Barcelone. Les résultats sont ensuite cryptés via le protocole NVIDIA Morpheus avant transfert vers le dossier médical électronique, garantissant une sécurité optimale et la conformité RGPD.
Surveillance hématologique en temps réel
La seconde innovation, développée en partenariat avec Leuko, cible les patients cancéreux sous chimiothérapie. Le système "5G Intelligent Blood Monitoring" permet une surveillance non-invasive et continue des neutrophiles, ces globules blancs essentiels dont la chute peut entraîner des complications graves.
Le dispositif intègre :
- Un capteur PointCheck de Leuko via une caméra hyperspectrale capturant 240 images par seconde des capillaires digitaux dans un spectre de 400 à 1000 nm.
- Un module Jetson AGX Orin embarqué optimisant le prétraitement des images avant transmission.
- Une plateforme edge NVIDIA Fleet Command pour l'analyse IA des neutrophiles.
Le workflow technologique est particulièrement sophistiqué :
- Acquisition de 15 secondes de vidéo générant 3,6 Go de données, compressées via CUDA-X en 320 Mo.
- Transmission prioritaire sur réseau 5G SA avec slice dédié garantissant une latence inférieure à 10 ms.
- Analyse sur l'infrastructure edge par le modèle Clara Guardian de NVIDIA pour la détection des globules blancs.
- Classification des neutrophiles via un réseau neuronal graphique (GNN) entraîné sur 12 millions d'images.
- Alerte cryptée au médecin référent si le taux de neutrophiles descend sous 500/µl.
Ce système présente un taux de faux négatifs remarquablement bas (<0,3%), essentiel pour ce type d'application critique. Dans ce cas d’usage, un patient peut réaliser lui-même la capture en quelques secondes depuis son domicile, avec un résultat immédiat transmis au médecin.
Vision stratégique à long terme
Telefónica a dévoilé une feuille de route ambitieuse pour ces technologies. L'opérateur prévoit de déployer ces solutions dans 300 centres de santé espagnols d'ici 2026, s'appuyant sur plusieurs innovations en développement:
- Uniformisation des déploiements edge via NVIDIA Aerial pour standardiser l'infrastructure.
- Intégration de capteurs IoT médicaux via le protocole NVIDIA Holoscan.
- Création d'un marketplace d'applications IA médicales certifiées sur la plateforme NVIDIA Clara.
Cette stratégie positionne Telefónica comme pionnier des "hôpitaux virtuels", où l'edge cloud devient l'épine dorsale d'une médecine préventive, précise et accessible, exploitant pleinement le potentiel de la 5G Standalone et de l'IA.
Orange : Cap sur les réseaux durables et ouverts
L'opérateur français a présenté une vision différente mais tout aussi innovante, articulée autour de la transition énergétique et de l'ouverture de ses infrastructures.
CNaaS : réinventer le déploiement des réseaux 5G
L'innovation phare d'Orange réside dans sa solution "5G Core Network as a Service" (CNaaS), une première mondiale qui permet aux opérateurs de déployer des réseaux 5G Standalone sans infrastructure physique dédiée.
Cette approche virtualise le cœur de réseau via une plateforme cloud, réduisant de 40% l'énergie consommée par rapport aux déploiements traditionnels selon les tests internes. Le modèle "Pay-as-you-grow" ajuste dynamiquement les ressources allouées, évitant le surprovisionnement énergétique habituel lié aux pics de trafic.
Intégrée à la plateforme Click d'Orange, la solution CNaaS simplifie considérablement la gestion des réseaux. Les opérateurs bénéficient également d'une réduction de 70% des émissions liées à la maintenance physique, grâce à la suppression des déplacements techniques et à l'automatisation complète des mises à jour logicielles.
Cette innovation s'inscrit parfaitement dans l'objectif de neutralité carbone d'Orange fixé à 2040, tout en offrant une solution agile pour accélérer les déploiements 5G dans les marchés émergents.
L'IA pour optimiser la consommation énergétique des antennes
En collaboration avec Business & Decision, Orange a industrialisé un outil d'IA sophistiqué qui analyse en temps réel la consommation énergétique des 65 000 antennes de son réseau européen.
Cet algorithme croise des données de trafic, de débit et de localisation pour classifier les sites selon trois catégories de consommation (faible, standard, élevée). Les équipes techniques peuvent ainsi prioriser les interventions sur les antennes identifiées comme énergivores, obtenant une réduction moyenne de 30% de leur consommation après optimisation.
Lors de sa démonstration au MWC, Orange a montré comment cette technologie permettait de réduire de 52% l'énergie utilisée par les bornes Wi-Fi au Vélodrome de Marseille. Le système active ou désactive intelligemment les équipements en fonction de la présence réelle des utilisateurs, une approche qui pourrait être déployée à grande échelle sur l'ensemble du réseau.
Selon les projections partagées, la généralisation de cette technologie permettrait d'économiser 1,2 TWh annuels sur le réseau européen d'ici 2027, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 600 000 habitants.
Refroidissement liquide et datacenters circulaires
En partenariat avec Red Hat, Orange a repensé l'architecture de ses datacenters pour les adapter aux charges de travail cloud natives tout en réduisant leur impact environnemental.
Le déploiement de Red Hat OpenShift sur 75 points de présence mondiaux permet de réutiliser 85% des serveurs existants, prolongeant leur durée de vie et réduisant les déchets électroniques. Cette approche s'accompagne d'un système de refroidissement liquide direct innovant qui réduit de 25% l'énergie consommée par rapport aux solutions de refroidissement traditionnelles.
Les datacenters sont également équipés de capteurs de température embarqués qui ajustent dynamiquement la ventilation en fonction des besoins réels, générant une économie supplémentaire de 4 GWh par an pour un datacenter de taille moyenne.
Orange a par ailleurs démontré que la 5G Standalone, contrairement aux idées reçues, consomme 10 fois moins d'énergie par Go transféré que la 4G. Cette efficacité s'explique par des mécanismes "green by design" comme le beamforming (focalisation du signal radio) ou la mise en veille intelligente des antennes. Les tests présentés au MWC révèlent une consommation de 0,05 kWh/Go pour la 5G contre 0,5 kWh/Go pour la 4G, un écart qui devrait atteindre un ratio de 1:37 d'ici 2030.
Orange LiveNet : ouvrir le réseau aux développeurs
Au-delà de ses initiatives environnementales, Orange a annoncé le lancement d'Orange LiveNet, une nouvelle division entièrement dédiée à la commercialisation d'API réseau ouvertes aux développeurs.
L'objectif affiché est de "permettre l'accès en temps réel et de manière sécurisée à des fonctionnalités réseau avancées" afin de créer de nouveaux services à valeur ajoutée pour les clients dans différents secteurs. Ces APIs, issues notamment du cadre open-source CAMARA et de l'initiative GSMA Open Gateway, donneront accès à des services tels que :
- l'authentification numérique sécurisée,
- la détection et prévention des fraudes,
- la géolocalisation précise,
- la qualité de service à la demande,
- la vérification d'identité sans friction.
Cette initiative, qui s'inscrit dans une tendance plus large d'ouverture des réseaux, témoigne de la volonté d'Orange de créer un écosystème d'innovation collaborative autour de ses infrastructures.
Réseaux non terrestres. Bientôt une connectivité universelle?
Les opérateurs cherchent également à étendre la connectivité dans les zones les plus reculées en combinant le cellulaire terrestre et le satellite. Chez les opérateurs européens, le britannique Vodafone s’est distingué en annonçant la création d’une coentreprise européenne de communications satellite-smartphone.
Avec son partenaire AST SpaceMobile, Vodafone a formé une JV nommée provisoirement “SatCo” visant à offrir une couverture 100% géographique en Europe via des satellites en orbite basse (LEO) connectant directement les smartphones. Cette initiative fait suite au succès d’un premier appel vidéo spatial réalisé fin 2024 entre un téléphone 4G/5G standard et un satellite. SatCo, opérée depuis l’Europe, s’appuiera sur l’expertise réseau de Vodafone pour déployer un service commercial de bande large direct-to-phone à partir de fin 2025 en offrant aux opérateurs européens une solution clé en main pour connecter leurs abonnés « où qu’ils se trouvent».
Des projets similaires sont également en cours chez des acteurs européens visant à contribuer à la souveraineté numérique du continent (les cœurs de réseaux restent chez les opérateurs terrestres, avec un backhaul satellitaire géré en Europe). Le rachat de OneWeb par Eutelsat en 2023 a fait du nouvel ensemble Eutelsat OneWeb le champion européen des LEO. Cette fusion a été pensée explicitement pour doter l’Europe d’une alternative crédible à Starlink sans attendre IRIS. OneWeb apporte une constellation déjà en place et opérationnelle, tandis qu’Eutelsat apporte l’expertise commerciale et l’accès aux marchés institutionnels européens. Ensemble, ils souhaitent pouvoir offrir « les mêmes capacités que Starlink en termes de couverture et de latence en Europe ».
Enfin, du point de vue des usages, ces systèmes préfigurent l’ère des réseaux hybrides mêlant "antennes au sol" et "antennes dans le ciel" intégrées dans un même réseau rendant la communication entre les deux systèmes totalement transparente, un peu comme lorsqu’on passe du WiFi au réseau mobile. Ces avancées promettent également des économies d’échelle (utiliser les mêmes puces et téléphones pour satellites et antennes 5G) et ouvrent la voie à un écosystème élargi (automobile connectée, IoT industriel, smartphones) bénéficiant d’une connectivité ubiquitaire.
Les équipementiers à l'offensive sur l'IA et la 6G
Au-delà des opérateurs, les équipementiers télécoms ont marqué le MWC 2025 par des annonces significatives, dessinant les contours des infrastructures de demain.
Nokia mise sur l'IA-RAN et prépare la 6G
Le géant finlandais a multiplié les partenariats stratégiques en R&D. Nokia s'est associé avec Nvidia ainsi qu'avec les opérateurs SoftBank et T-Mobile pour développer des solutions d'AI-RAN, c'est-à-dire l'application de l'intelligence artificielle aux réseaux d'accès radio.
Ces innovations permettent notamment l'optimisation du pilotage des antennes Massive MIMO ou l'allocation dynamique de ressources radio via des algorithmes de machine learning. Nokia mise sur ces innovations logicielles pour améliorer l'efficacité spectrale et énergétique de la 5G, tout en préparant des réseaux adaptatifs à l'arrivée de la 5G avancée et de la 6G.
Un aperçu concret de l'architecture 6G a été présenté par Nokia en collaboration avec NTT DoCoMo. Leur démonstrateur "NTT Inclusive Core for 6G" a montré comment un cœur de réseau 6G pourrait gérer de l'analyse vidéo à très faible latence grâce à l'IA. Cette architecture réduit au maximum le délai et la gigue dans les échanges de données entre terminal et serveur, tout en améliorant l'efficacité de l'analyse par IA grâce à la stabilité de la connexion.
Ericsson explore les fréquences pour la 6G
Le constructeur suédois a annoncé une collaboration avec Keysight Technologies pour développer un banc d'essai pré-6G, combinant une station de base Ericsson et les équipements de test UE de Keysight, fonctionnant sur la bande de fréquence dite centimétrique (cmWave).
Selon Ericsson, ces fréquences intermédiaires sont de "solides candidates" pour les futurs réseaux 6G et offriraient un bon compromis entre latence ultra-faible, débits très élevés et couverture améliorée. L'objectif est d'explorer dès maintenant les performances de nouvelles bandes et technologies radio avant la standardisation 6G, prévue pour 2030.
Amazon Web Services s'attaque au cœur des réseaux
AWS a lancé une gamme d'AWS Outposts spécialisés pour les charges 5G, permettant aux opérateurs de déployer en périphérie (datacenters locaux, salles réseau) des équipements AWS offrant la même infrastructure et les mêmes APIs qu'en cloud public.
Ces racks et serveurs sont optimisés pour héberger des éléments réseau tels que le cœur 5G ou les unités centralisées/distribuées du RAN. En d'autres termes, l'infrastructure télécom devient "as-a-service", avec la promesse d'étendre le cloud au maximum du réseau 5G. AWS met en avant une architecture efficiente permettant aux opérateurs d'étendre le nuage jusque dans le RAN et de faire tourner l'intégralité d'un réseau 5G sur des services cloud AWS. Cette annonce s'inscrit dans la tendance des opérateurs à adopter des solutions cloud hybrides pour gagner en agilité et réduire les coûts d'exploitation.
Les start-up révolutionnent l'écosystème télécom
Le MWC 2025 a également mis en lumière une nouvelle génération de start-ups prometteuses, principalement via l'événement 4YFN (4 Years From Now), la vitrine dédiée aux jeunes pousses au sein du salon. Les 4YFN Awards 2025, compétition phare qui récompense chaque année la meilleure start-up digitale, ont mis en avant 20 jeunes entreprises finalistes, réparties en cinq catégories thématiques représentatives des tendances d’innovation : Digital Health, Green Tech, Fintech, Digital Horizons (transformation numérique des industries) et Mobile Frontiers(innovations spécifiques aux télécoms)
Qflow au service de l’économie circulaire
L’une des Start-up les plus remarquée a été Qflow (Royaume-Uni) qui utilise le numérique pour minimiser le gaspillage de matériaux dans la construction, en suivant en temps réel les flux de matériaux sur les chantiers et en optimisant leur réutilisation. Cette approche de gestion circulaire du chantier permet de réduire drastiquement les déchets et l’empreinte carbone du BTP
IS-Wireless simplifie les réseaux 5G privés
La start-up polonaise IS-Wireless s'est distinguée en présentant des solutions de réseaux 5G privés clés en main pour l'industrie 4.0. Son approche repose sur une architecture Open RAN virtuelle allégée, adaptée aux besoins spécifiques des usines ou campus industriels.
Cette offre arrive à point nommé alors que la demande en réseaux privés sécurisés et localisés explose dans les secteurs manufacturiers, de la logistique et des sites sensibles. IS-Wireless propose une solution plus abordable et flexible que les offres traditionnelles des grands équipementiers.
Quantum Industries sécurise les communications sensibles
La start-up autrichienne Quantum Industries a présenté son projet de réseaux de communication quantique sécurisés pour les infrastructures critiques. Exploitant les propriétés quantiques pour l'échange de clés inviolables (QKD), cette technologie vise à garantir des communications à l'abri de toute interception.
Cette solution répond aux enjeux de souveraineté et de sécurité nationale à l'ère post-quantique, où les capacités de calcul quantique pourraient compromettre les méthodes de chiffrement actuelles. Les premiers déploiements ciblent les secteurs gouvernementaux, la défense et les communications financières hautement sensibles.
Ramon.Space révolutionne le calcul embarqué spatial
La start-up israélienne Ramon.Space a fait parler d'elle dans le domaine spatial en présentant ses ordinateurs durcis capables d'opérer dans l'espace. Cette plateforme de calcul embarqué spatial peut équiper les satellites de nouvelle génération pour les rendre reprogrammables en orbite.
L'innovation majeure réside dans la capacité à effectuer le traitement des données directement dans l'espace, réduisant considérablement la bande passante nécessaire pour la communication avec les stations terrestres. Cette approche pourrait transformer radicalement l'économie des constellations de satellites, en permettant des mises à jour logicielles et de nouveaux services sans remplacement physique.
The Blue Box réinvente le dépistage du cancer du sein
Dans le domaine de la santé connectée, la start-up espagnole The Blue Box a proposé de révolutionner le dépistage du cancer du sein grâce à un test non-invasif d'analyse d'urine. Ce dispositif connecté offre un dépistage facile et précoce, une approche inédite en matière de santé préventive.
Utilisant des bio-marqueurs spécifiques et l'IA pour l'analyse, cette solution pourrait démocratiser l'accès au dépistage dans des régions où les infrastructures médicales sont limitées. La start-up prévoit des essais cliniques à grande échelle dans les prochains mois, avec un potentiel de déploiement via des partenariats avec des opérateurs télécoms intéressés par la santé connectée.
Bankuish facilite l'accès au crédit pour les freelances
Dans le domaine financier, la start-up colombienne Bankuish s'est distinguée par une plateforme qui offre aux travailleurs indépendants et du gig economy un accès simplifié au crédit et aux services bancaires.
En évaluant la solvabilité sur la base de données alternatives (revenus des plateformes, historique d'activité), Bankuish permet à des freelances ou créateurs, souvent exclus des systèmes de crédit classiques, de financer leurs projets. Cette innovation, qui s'appuie sur les réseaux mobiles pour collecter et vérifier les données, illustre le potentiel de l'inclusion financière par le mobile dans les économies émergentes.
Vers une redéfinition du rôle des télécoms
En conclusion, les annonces du MWC 2025 dessinent les contours d'une industrie télécom en pleine mutation. Les opérateurs, équipementiers et start-ups convergent vers une vision où les réseaux deviennent plus intelligents, plus durables et plus ouverts à l'innovation.
Les exemples de Telefónica et Orange illustrent le potentiel de cette transformation. L'opérateur espagnol mise sur la spécialisation verticale et l'edge computing dans le domaine de la santé, tandis que son homologue français a mis l’accent sur une approche centrée sur la durabilité et l'ouverture via des APIs.
Les équipementiers, de leur côté, accélèrent le développement des technologies qui soutiendront cette évolution : IA intégrée au réseau, préparation de la 6G, virtualisation poussée des infrastructures. Cette convergence technologique transforme fondamentalement le rôle des opérateurs télécoms, qui évoluent de simples fournisseurs de connectivité vers des acteurs clés de l'innovation numérique. Ils deviennent capables d'apporter des solutions concrètes aux grands défis des territoires, qu'il s'agisse de santé, de transition énergétique, de sécurité ou d'inclusion.
Pour les utilisateurs finaux, cette transformation promet des services plus performants, plus personnalisés et plus responsables. Pour les entreprises et les développeurs, elle ouvre un champ d'innovation sans précédent, où les capacités des réseaux deviennent des ressources programmables au service de nouveaux usages.
L'enjeu pour les acteurs du secteur sera désormais d'exécuter efficacement ces visions stratégiques, dans un contexte économique et réglementaire en constante évolution.
Pour en savoir plus
À propos de l'auteur.
Pascal Poty
Agence du Numérique