Si les indicateurs relatifs aux équipements informatiques, à la digitalisation des processus ou à la présence sur le Web sont globalement positifs, la cybersécurité, les compétences numériques, le Cloud, l'accessibilité des services et l'Open Data, notamment, figurent parmi les 10 priorités d'action identifiées par l'AdN. La taille des entités est l'un des critères qui influencent le plus les résultats.
- Baromètre 2022 pouvoirs locaux. Présentation et recommandations
Objectifs de l'étude
Dans le cadre des programmes "Smart Région" et "Wallonie As a Service" de la stratégie Digital Wallonia, l’Agence du Numérique a réalisé une étude sur la maturité numérique des pouvoirs locaux, sur base du modèle en 4 axes du baromètre entreprises (infrastructure, organisation, processus et stratégie).
L’objectif principal de cette étude est de brosser un portrait complet et nuancé de l’état des développements et des usages numériques dans les pouvoirs locaux de la Wallonie francophone.
Les indicateurs de l’étude doivent également permettre d’identifier les actions qui devraient être engagées pour améliorer les points faibles et particulièrement pour garantir que tous les Wallons, quelle que soit leur situation personnelle (géographique, mais aussi niveau de compétences ou d’habileté), puissent jouir des mêmes services de la part des autorités publiques.
Maturité numérique globale des pouvoirs locaux
En appliquant la grille d’analyse du modèle de maturité numérique des organisations développé par l’AdN pour les entreprises, il ressort que le score global moyen de maturité numérique est de 49,6.
En le déclinant en fonction des niveaux de pouvoirs, les résultats sont :
- CPAS : 45.
- Communes : 54.
- Provinces : 68.
Remarque : ces scores ne constituent pas un "bulletin sur 100", mais bien un indice de maturité qui permet d’identifier les principales priorités d’action. Ils ne peuvent pas être comparés aux scores des entreprises, les indicateurs sur lesquels ils reposent étant différents.
La taille est un facteur très déterminant du niveau de maturité qui avantage sensiblement les organisations plus importantes pouvant mobiliser un personnel spécialisé et les moyens financiers nécessaires au développement et à l’exploitation du numérique. De façon générale, et plus encore dans les entités de taille moyenne ou petite, les points faibles se situent surtout au niveau de la stratégie et des services en ligne via le site Web ou les e-guichets.
Les priorités d'action
- Soutenir particulièrement les petites (et moyennes) entités
- Développer la cybersécurité
- Migrer vers le cloud
- Favoriser le recrutement et la mutualisation des profils numériques
- Développer la formation continue
- Généraliser & intégrer les guichets électroniques
- Ouvrir les données en Open data
- Définir une stratégie numérique intégrée dans les PST
- Améliorer l’accessibilité des sites Web
- Développer la médiation numérique (notamment via les EPN)
Soutenir les entités de petite taille et les CPAS
Le premier constat est celui de la relation qui existe entre la taille des entités et la capacité qu’elles ont de développer et maintenir les services numériques souhaitables pour leur population.
Pour éviter une fracture numérique entre les pouvoirs locaux, il convient de réserver une attention toute particulière pour soutenir les petites entités, et les moyennes qui sont en retard.
De même, les CPAS ont manifestement plus de difficultés à intégrer le numérique que les communes, et ce malgré un niveau d’infrastructure légèrement plus favorable. La voie de la coopération et de la mutualisation des efforts semble la plus propice, pour autant que les moyens financiers soient disponibles.
Priorités pour l’axe infrastructure
Les principaux indicateurs de l'axe 1 "Infrastructure".
L’effort déjà engagé pour augmenter la cybersécurité dans les pouvoirs locaux via la centrale d’achat est une mesure prioritaire qui doit être soutenue. Les récents incidents de cybersécurité constatés dans certaines entités ont montré que les pouvoirs locaux constituent des cibles de plus en plus prisées par les hackers.
La migration systématique des infrastructures informatiques vers le cloud est également une priorité majeure pour ces raisons de sécurité, mais aussi pour assurer une plus grande souplesse dans l’évolution des systèmes informatiques et un usage plus rationnel de l’énergie.
Priorités pour l’axe capital humain
Les principaux indicateurs de l'axe 2 "capital humain".
Le développement ou simplement le déploiement des outils numériques ne s’effectue avec succès que lorsque les ressources humaines adéquates sont présentes et que le personnel a acquis les compétences nécessaires.
Il convient donc de faciliter le recrutement de ces professionnels ou la mutualisation de leurs services et de soutenir l’effort de formation continue des agents. Les partages d’expertise entre les acteurs locaux doivent être renforcés à l’instar de ceux initiés pour les Smart Cities dans le cadre de la stratégie Digital Wallonia.
De même, la conduite de projets numériques doit renforcer la communication vers toutes les parties prenantes et autant que possible l’intégration de celles-ci dans le développement des solutions.
Priorités pour l’axe processus
Les principaux indicateurs de l'axe 3 "processus".
L’intégration des guichets électroniques avec les autres systèmes informatiques doit être renforcée pour en réduire le coût, fluidifier les procédures et permettre un meilleur suivi des requêtes par les citoyens.
L’ouverture des données en Open Data est également trop modeste, alors qu’elle permettrait le développement de nouveaux services en valorisant le rôle des pouvoirs publics.
Priorités pour l’axe stratégie
Les principaux indicateurs de l'axe 4 "stratégie".
A peine plus d’une administration sur 10 a défini une stratégie globale de transformation numérique, même si 9 sur 10 revendiquent au moins un objectif relatif au développement numérique dans le PST (Programme Stratégique Transversal).
Cette "vision intégrée" du numérique doit être préparée dès à présent afin de pouvoir se décliner dans les PST qui seront construits pour la législature suivante.
Dans ce cadre, la généralisation des guichets électroniques dans les communes reste un chantier important et sa déclinaison vers certains services spécifiques des CPAS ou des provinces doit être envisagée et encouragée.
L’accessibilité des sites Web doit absolument être augmentée, tant pour satisfaire à la législation en vigueur que pour en faciliter l’usage par tous les citoyens.
La déclinaison des usages via les smartphones est aussi indispensable pour faire face à un usage croissant par ce média, particulièrement chez les utilisateurs les moins bien équipés et souvent aux compétences numériques les plus fragiles. Des sessions de formation et de sensibilisation aux bons usages en matière d’accessibilité ainsi qu’un soutien financier à la certification des sites devraient faciliter cette évolution.
Enfin, le développement des services de médiation numérique, en particulier la mise en place d’Espace Publics Numériques, doit être encouragé et soutenu pour atteindre la couverture de l’ensemble du territoire wallon.
Cadre méthodologique
Les pouvoirs locaux visés par l’étude sont les 253 communes, 253 CPAS et les 5 administrations provinciales de langue française situés en Wallonie. Invités par courrier à répondre à un questionnaire en ligne, ils ont fourni 341 réponses complètes en 2 mois après rappel par mail et par téléphone, soit 172 communes, 164 CPAS et les 5 administrations provinciales.
En complément à l’enquête, l’AdN a aussi procédé à une série de tests de cybersécurité et à une analyse automatisée de l’accessibilité des sites pour les 152 pouvoirs locaux qui les ont explicitement autorisés.
La répartition homogène et le volume important des répondants permettent de considérer ces résultats comme très représentatifs de la situation actuelle.