L’AdN propose le 3ème baromètre Digital Wallonia des startups numériques et tech en Wallonie. Toujours très largement tournées vers le B2B, les startups poursuivent leur croissance et se concentrent de plus en plus sur des technologies avancées comme l’Intelligence Artificielle, l’Internet des Objets ou l’AR/VR. Elles ont jusqu’à présent plutôt bien résisté à la crise du COVID.
Au moment de l'élaboration de ce baromètre, la plateforme Digital Wallonia regroupait 432 Startups Numériques et Tech. L'écosystème continue donc à se développer.
Parmi ces startups, 74% relèvent du secteur du numérique et 26% sont considérées comme des startups "technologiques", c'est-à-dire faisant appel de manière intensive aux technologies numériques, celles-ci étant totalement intégrées à leur business.
Répartition géographique des startups
Avec 40% de l'écosystème sur son territoire, le Brabant Wallon reste la province wallonne comptant le plus de startups, devant les provinces de Liège et du Hainaut qui en regroupent chacune 24%. Les provinces de Namur et Luxembourg suivent avec respectivement 11% et 3%. Pour Namur, il s'agit d'une progression importante (7% en 2018).
Dans le cadre de ce baromètre, l'AdN s'est également intéressée à la répartition des startups encore actives par année de création. Après le pic de 2016, avec près de 70 startups lancées durant l'année, la création de startups s'est stabilisée aux alentours de 40 entre 2017 et 2019. Les chiffres de 2020 montrent un ralentissement, mais il est trop tôt pour en tirer des conclusions, par exemple quant à des effets de la crise sanitaire, l'identification des nouvelles startups se faisant souvent avec un léger effet retard. Rendez-vous fin 2021 pour une analyse plus complète.
Secteurs d’activité et écosystèmes des startups. Le B2B toujours dominant
La proportion de startups numériques et tech ne s’adressant qu'au consommateur final (B2C) reste très faible (16%). 68% des startups ont une cible business B2B et 16% s'adressent en même temps au B2B et au B2C.
Les secteurs économiques auxquels s'adressent les startups wallonnes restent les mêmes, mais progressent encore au niveau de l'intensité. Ainsi 17% des startups déclarent s'adresser au secteur de la santé, contre 12% en 2018. En outre, 10% s'adressent au secteur pharmaceutique. Si ces chiffres ne doivent pas être cumulés , une startup pouvant s'adresser à plusieurs secteurs, ils montrent de manière évidente l'importance du secteur de la santé, à la fois pour les startups, mais plus globalement pour l'économie wallonne.
L’industrie (16% des startups) est le deuxième secteur le plus ciblé par les startups, suivi de manière équilibrée par des secteurs tels que la logistique, les pouvoirs publics, l'aéronautique ou l'électronique..
Produits et services des startups
Sur base de la cartographie proposée par la plateforme Digital Wallonia, la répartition des startups par produits et services montre que le secteur du software est toujours dominant. On notera la progression des services.
L'évolution la plus intéressante est sans doute celle des produits et services "avancés". Désormais, 43% des startups wallonnes sont positionnées sur ces technologies, ce qui témoigne d'une intensité d'innovation en progression. A titre de comparaison, pour l'ensemble du secteur du numérique en Wallonie, ce pourcentage dépasse à peine les 20%. Cela démontre également une connexion forte avec l'écosystème de la recherche numérique.
Parmi ces technologies avancées, 3 technologies se distinguent de manière forte, à la fois en valeur absolue et en progression par rapport à 2018 :
- l'intelligence artificielle (44% des startups actives dans les technologies avancées),
- l'internet des objets (38%),
- la réalité augmentée et/ou virtuelle (18%).
Même si les pourcentages restent en-dessous de 10%, des technologies comme la Blockchain, les jumeaux numériques, la robotique ou les drones sont également en progression.
Technologies et partenariats
Outre les technologies que les startups commercialisent sous forme de produits ou services, l'Agence du Numérique s'est également intéressée aux technologies qu'elles utilisent dans le cadre de leurs activités.
Là aussi, l'Intelligence artificielle se positionne de manière très forte. 48% déclarent y recourir et ce chiffre grimpe à 57% pour les perspectives de 2021. L'internet des Objets, l'AR/VR ou la robotique font partie des autres technologies fortement utilisées par les startups en 2020 dans le cadre de leur business. On notera l'arrivée en 2021 du HPC (Calcul Haute Performance) en troisième position (14%) des technologies auxquelles les startups souhaitent recourir en 2021. Le HPC est un domaine d'excellence de la recherche numérique en Wallonie.
Plus d'une startup sur deux a mis en oeuvre au moins un partenariat dans le cadre de ses activités, le plus souvent avec une autre entreprise (38%), une université (27%) ou un centre de recherche (22%). Ces chiffres sont assez stables par rapport à 2018. C'est sans doute l'un des domaines d'amélioration. La petite taille des startups reste de ce point de vue un handicap, la mise en oeuvre de partenariat, notamment dans le domaine de la recherche, nécessitant souvent des ressources humaines et financières dédiées.
Ressources humaines
Le/la CEO
Très majoritairement titulaire d'un diplôme de niveau Master (67%) ou Doctorat (11%) dans les filières du business, des sciences et de l'informatique, 32 % des patrons et patronnes d'une startup avaient déjà créé une entreprise auparavant.
Au niveau de l'âge, même si les tranches 25-29 et 30-34 dominent, on soulignera qu'un tiers des CEO avaient plus de 40 ans au moment de la création de leur startup. La création d'une startup est aussi une affaire d'équipe. Moins de 20% ont été créées par une seule personne.
Au rayon des problèmes récurrents, on soulignera une fois encore, la présence trop faible des femmes. Si l'on envisage l'ensemble de la population des "créateurs de startups", on ne retrouve que 16% des femmes. Ramenés à la population des startups, 26% avaient au moins une femme dans leur équipe fondatrice.
Emploi généré et perspectives pour 2021
Au niveau de l'emploi, il est évidemment difficile de disposer de chiffres officiels. Afin d'estimer au mieux les emplois générés par les startups, l'AdN a travaillé par tranches (0, 1 à 4, 5 à 9, ... jusqu'à 50 et plus). Les répondants de l'enquête ont positionné leur startup dans ces différentes tranches, en distinguant les ETP (Equivalent Temps Plein) sur Payroll et hors Payroll.
En extrapolant les chiffres obtenus à l'ensemble de la population des startups, on peut ainsi obtenir :
- une estimation basse : 4950, soit 2800 ETP sur Payroll et 1150 hors Payroll.
- une estimation haute : 6475, soit 4100 et 2375. Pour cette estimation haute, le chiffre de 50 a été affecté même aux startups occupant un nombre largement plus important de personnes.
En 2018, le même travail avait donné une estimation moyenne de 3500 à 4000 ETP.
Sur base de ces chiffres, on constate donc une tendance positive en matière d'emploi et donc de l'importance désormais significative de l'écosystème des startups dans l'économie wallonne. Ce constat est encore renforcé par les perspectives futures. En effet, 73% des startups envisagent de recruter du personnel en 2021, 23% estimant que leur volume d'emploi sera stable.
En utilisant la même méthodologie par tranches (1 à 4, 5 à 9, ...), les perspectives d'emploi pour 2021 seraient les suivantes :
- estimation basse : 1050 ETP,
- estimation haute : 2000 ETP.
Enfin, sous l'angle des profils employés dans les startups, les "informaticiens" (développeurs, programmeurs, ...) restent largement majoritaires (62%).
Toutefois, on notera que pour 2021, les profils "business et commercial" seront les plus recherchés par les startups (44%). Ce chiffre montre sans doute une forme de "momentum" pour de nombreuses startups qui souhaitent passer d'une phase essentiellement consacrée au développement de leur offre à une phase de développement de l'activité économique.
Le volume d’affaires
La baromètre 2018 avait mis en évidence l'un des points faibles majeurs des startups wallonnes : le trop faible niveau de leur chiffre d'affaires. En effet, 66% d'entre elles déclaraient réaliser un chiffre d'affaires inférieur à 100.000 euros par an (en ce compris les startups qui n'ont pas encore de chiffre d'affaires, notamment parce qu'elles sont encore dans une phase de pré-développement de leurs activités).
Si la situation est encore loin d'être idéale, les résultats 2020 semblent montrer une tendance positive, puisque ce pourcentage est désormais de 53%. Autre évolution positive, le pourcentage de startups déclarant un chiffre d'affaires annuel de 1 million d'euros passe de 4 à 13%.
Une question évidemment incontournable est celle de l'impact de la crise sanitaire sur le niveau d'activités des startups. Sur ce point, le constat est plutôt positif. Mais il doit être tempéré par le fait que, pour les startups qui ont subi des effets négatifs, ceux-ci sont proportionnellement plus importants que les effets positifs constatés par les startups qui déclarent que leurs activités ont progressé pendant la crise.
On soulignera donc que :
- 28% des startups n'ont pas constaté d'impact sur leurs activités,
- 17% ont vu leurs activités se développer,
- 53% ont enregistré un ralentissement de leurs activités.
A ce stade, les cessations d'activités sont anecdotiques.
L’international
60% des startups wallonnes réalisent la majorité de leur chiffre d'affaires en dehors de la Wallonie et 33% en dehors de la Belgique.
La France, les USA et les Pays-Bas forment le podium des pays où nos startups sont le plus actives à l'exportation. Si l'on ajoute Bruxelles et la Flandre, on obtient le top 5 complet des pays et régions avec lesquels startups wallonnes travaillent le plus.
Le financement et les investissements
De manière générale, le startuper part à la recherche de financements. L’enquête montre que :
- plus de la moitié des startups ont fait appel au prêt bancaire,
- deux-tiers ont déjà réalisé une levée de fonds, que ce soit auprès des 3F (family, friends & fools) et/ou auprès d’investisseurs publics et privés.
4 startups sur 10 ont levé plus d’un demi-millions d’euros, en une ou plusieurs levées de fonds. Elles sont près d’un tiers à avoir levé moins de 200.000 euros.
70% des startups ont déjà fait appel à une aide de la Wallonie. Les chèques-entreprises sont un outil largement apprécié. Près d’une startup sur deux y a fait appel. Les programmes de financement de la recherche ainsi que le programme CxO (programme facilitant l’engagement d’un manager hautement qualifié prenant une fonction de CEO, CTO, COO, CSO, … ) ont convaincu, respectivement, 27 et 21% des startupers.
De nombreuses autres aides ont également été sollicitées parmi le (trop ?) large éventail de toutes les possibilités de financement proposées.
Parmi les motivations des investissements, digitaliser une nouvelle version de produits déjà présents sur le marché est la première priorité pour plus de 70% des startups. Vient ensuite le besoin d’investir dans le développement de nouveaux produits, que ce soit pour les mêmes secteurs de clients ou pour attaquer de nouveaux marchés.
La digitalisation de la stratégie et des flux d’information arrive plus loin, respectivement en 5ème et 6ème positions des résultats de l’enquête (avec 15 et 13% des répondants).
Méthodologie de l'étude
Cette troisième édition du baromètre des startups numériques et tech wallonnes réalisé par l'Agence du Numérique se base sur deux sources :
- une analyse quantitative sur les données relatives aux 432 startups numériques et startups technologiques répertoriées sur la plateforme Digital Wallonia par l'AdN à la fin de l'année 2020.
- une enquête quantitative menée par l'AdN en octobre et novembre 2020. Une centaine de startups y ont répondu.
L'étude envisage les startups en tant que "jeunes entreprises" du numérique ou de la tech, actives avec un produit commercialisé ou avec un nouveau business model depuis moins de 10 ans (sauf exception), et qui ambitionnent un fort taux de croissance ou proposent un modèle "scalable".
Tout comme pour les précédents baromètres, il convient de souligner que les startups sont par nature plus "volatiles" que les entreprises "classiques", notamment en raison:
- de leur jeunesse,
- du fait qu'une startup peut avoir une activité, mais ne pas encore être constituée en société indépendante,
- de la difficulté d'identifier les startups nouvellement créées, sauf si elles le sont dans le cadre d'un des outils d'incubation, d'accompagnement ou de financement actifs en Wallonie,
- du taux de disparition ou d’abandon.
L'objectif de ce baromètre est de proposer une vision globale de l’écosystème de l'écosystème des startups en Wallonie. Cette étude vise principalement à comprendre le profil des entrepreneurs, leurs collaborateurs, les technologies qu’ils utilisent, le volume d’affaires qu’ils génèrent, les financements dont ils disposent et leur ambition internationale.
Il s’agit également d’outil d'aide à la définition des politiques et actions à mener pour favoriser le développement et la croissance des startups en Wallonie.