Tendances et impacts dans le secteur belge de la construction

Le monde de la construction est confronté plus que jamais à de sérieux défis. En mars 2023, le Comité de vision de Buildwise a publié un rapport afin d’esquisser des perspectives à moyen et long terme pour l’évolution du secteur belge de la Construction.

Le monde de la construction est confronté plus que jamais à de sérieux défis : adaptation climatique, nouvelles technologies comme la numérisation et l’industrialisation de la construction, impact de la pandémie que nous venons de traverser, tensions géopolitiques, nouvelle crise énergétique, etc. Ce ne sont là que quelques éléments qui orienteront fortement l’avenir et la transition du secteur de la Construction.

En mars 2023, le Comité de vision de Buildwise a publié sous la direction de KPMG un rapport permettant d’esquisser des perspectives à moyen et long terme pour l’évolution du secteur belge de la Construction.

Sur base de recherches, de consultations d’experts et d’une consultation auprès de professionnels du secteur, KPMG a réalisé une analyse approfondie des tendances, défis et opportunités qui se présentent au secteur. Sur cette base, le Comité de vision de Buildwise a ensuite élaboré une série d’implications et impacts potentiels, en tenant compte des probables évolutions politiques, économiques, sociales, technologiques, écologiques et juridiques (PESTEL).

Trois corps de métier ont été plus particulièrement impliqués dans cette étude : les entrepreneurs généraux, les menuisiers et les installateurs de sanitaires et/ou HVAC.

Les conclusions de cette étude soutiendront les travaux des 15 Comités techniques de Buildwise, composés de personnes travaillant dans différents secteurs et professions de la construction. Ils orienteront les actions à court terme de Buildwise.

6 catégories de facteurs ont été identifiées comme des tendances macroéconomiques majeures susceptibles d’influencer fortement l’avenir du secteur. Il s’agit de :

• L’environnement politique dans le secteur belge de la construction : Géopolitique, répartition des compétences, accords internationaux, vieillissement du patrimoine.
• L’environnement économique : mondialisation, accessibilité financière des logements, logistique, hausse des frais de la construction, marché du travail, économie de services.
• L’environnement social : urbanisation, vieillissement de la population, composition des ménages, inégalités, pouvoir des consommateurs, démographie, désir de propriété.
• L’environnement technologique : numérisation, accessibilité des technologies, innovation, cybercriminalité, plateformes et écosystèmes collaboratifs.
• L’environnement écologique : normes environnementales, réchauffement climatique, émissions de gaz à effet de serre, pénurie de matières premières, circularité.
• L’environnement légal : complexité juridique, délais d’octroi des permis, contrats internationaux, procédures juridiques, technicité croissante des aspects juridiques.

Sur la base d’une recherche théorique, d’une analyse PESTEL du secteur de la construction et d’entretiens avec des experts dans et en dehors du secteur de la construction, dix mégatendances ont été identifiées, auxquelles le secteur sera confronté à court, moyen et long terme. La pertinence et l’impact de ces dix mégatendances ont été évalués et validés par l’intermédiaire d’entretiens approfondis et d’une enquête menée auprès de plus de 700 professionnels actifs dans le secteur belge de la construction.

L’analyse de tendances a dégagé comme éléments les plus urgents la "guerre des talents", la "complexité juridique" accrue et la gestion des perturbations de la "chaîne logistique". Cependant, deux de ces trois tendances sont des conditions véritablement essentielles, qu’il convient dès lors de prendre en compte, mais sur lesquelles le secteur proprement dit ne peut pas agir directement. En effet, il ne s’agit pas du processus de construction ni de la "chaîne de valeur" proprement dite.

Un message très important à faire passer aux entrepreneurs et aux installateurs est qu’ils devront eux aussi, à l’avenir, s’adapter/se réinventer et ne pas penser qu’ils pourront continuer à procéder comme aujourd’hui si l’on entend améliorer ces conditions essentielles.

Le secteur de la construction participe à la "Guerre des talents" pour pallier le manque de personnel compétent.

Le secteur de la construction est de plus en plus confronté à une pénurie de personnel en termes de fonctions spécifiques et de compétences nécessaires, combinée à une (r)évolution en termes de composition (d’équipe) au sein de ce marché du travail, qui est de plus en plus axé sur le numérique.

Maturité estimée du secteur : Moyenne.

La numérisation constitue plus que jamais un levier important pour travailler de manière plus efficace, plus rapide et plus respectueuse du client.

Le secteur de la construction vit une numérisation poussée avec des innovations dans toutes les parties de la chaîne de valeur. La numérisation constitue plus que jamais un levier important pour travailler de manière plus efficace, plus rapide et plus respectueuse du client.

Maturité estimée du secteur : Faible.

L’industrialisation poussée de la construction dans le secteur de la construction permet de construire à prix plus abordable tout en améliorant la qualité.

Une industrialisation poussée de la construction dans le secteur de la construction, au niveau du produit d’une part et au niveau des processus de travail, des règles et des procédures d’autre part, ne cesse de gagner en importance en vue d’augmenter la qualité, la productivité et le carac­tère abordable de la construction.

Maturité estimée du secteur : Faible.

Collaboration plus intense avec les "équipes de construction" à travers la chaîne de valeur en réponse au processus de construction complexe.

Une collaboration structurelle entre différentes parties à travers la chaîne de valeur offre la possibilité de rendre à nouveau gérable un processus de construction de plus en plus complexe en faisant appel à des ‘équipes de construction’ composées de différentes parties prenantes et de parties ayant des connaissances spécifiques.

Maturité estimée du secteur : Moyenne.

Accent accru sur la durabilité liée à la sensibilisation au changement climatique, aux objectifs ambitieux et aux conditions climatiques extrêmes.

La présence de conditions climatiques extrêmes d’une part et d’objectifs climatiques ambitieux d’autre part oblige le secteur de la construction à accorder une attention accrue à la durabilité (environnement et climat) et à des thèmes tels que l’efficacité énergétique et la circularité.

Maturité estimée du secteur : Moyenne.

Les évolutions démographiques forcent le secteur de la construction à réfléchir à des formes (différentes) de logement du futur.

La croissance démographique qui s’accélère, ainsi que le vieillissement de la population, la migration, l’écologisation et la composition réduite/ élargie des familles, entraînent une (r)évolution dans la composition de la population et obligent le secteur belge de la construction à réfléchir à des formes (différentes) de logement du futur.

Maturité estimée du secteur : Faible.

Importance et complexité accrues du cadre (légal) juridique dans le secteur de la construction.

Le cadre législatif en vigueur au sein du secteur de la construction, conjugué à l’accroissement du poids de l’opinion publique et de l’expression du citoyen, représente une évolution importante à laquelle le secteur de la construction est confronté, amplifiant l’importance et la complexité du cadre légal.

Maturité estimée du secteur : Moyenne.

Les attentes plus grandes des clients poussent le secteur de la construction à changer de cap et opter pour l’orientation client.

Les clients attendent toujours plus de transparence et de services/produits sur mesure, si bien que le secteur de la construction se trouve dans la nécessité de revoir son mode de pensée et de passer de l’orientation produit à l’orientation client, la priorité devenant les attentes du client (customer centricity).

Maturité estimée du secteur : Faible.

"Business as usual" dans le secteur de la construction, c’est de l’histoire ancienne. Un examen complet du modèle économique s’impose.

De nouveaux défis et de nouvelles opportunités (sur le plan technologique) obligent le secteur de la construction à remettre en question le modèle économique actuel et à mettre l’accent sur davantage de service as a service (modèle de service) axé prioritairement sur la circularité et la numérisation.

Maturité estimée du secteur : Très faible.

Une percée dans la chaîne logistique est plus que jamais nécessaire pour offrir un plus haut degré d’efficience et de sécurité.

Les événements (géopolitiques) récents ont une fois de plus fait prendre conscience au secteur (belge) de la construction qu’une percée de (nouvelles) stratégies de livraison est plus que jamais nécessaire pour faire face de manière proactive à des hausses de prix potentielles et à l’allongement des délais d’attente (de planification).

Maturité estimée du secteur : Faible.

Sur le plan logistique, on distingue clairement deux volets importants : d’une part, les crises récentes et actuelles (COVID, hausse des prix, etc.) comme conditions essentielles, mais aussi, d’autre part, l’organisation interne du côté de l’entrepreneur. Nous pouvons en faire un point d’attention en pré­voyant une organisation interne plus efficace chez l’entrepreneur (gestion des stocks, calcul du prix de revient, organisation, prévention des coûts liés aux erreurs). Bien entendu, il est important que Buildwise et l’ensemble du secteur de la construction misent sur cet aspect.

Mais les autres tendances nécessitent également à court terme l’apport de changements concrets sur le terrain : nécessité de poursuivre la numérisation, industrialisation afin d’accroître la produc­tivité, stimulation des processus de construction zéro carbone, etc. La flexibilité et les capacités d’adaptation sont plus que jamais nécessaires.

Divers éléments ont été rassemblés afin d’esquisser l’impact potentiel des tendances identifiées pour le secteur belge de la construction. À un niveau élevé, on peut conclure que cinq implications se présenteront potentiellement au sein du secteur belge de la construction :

• Transition vers une construction axée sur les processus : une numérisation et une standardi­sation poussées doivent contribuer à mieux préparer et encadrer le processus de construction, en améliorant l’efficience et l’efficacité et en diminuant les coûts liés aux erreurs
• Développement de nouveaux marchés : les tendances et évolutions dans et en dehors du sec­teur ont pour effet d’ouvrir de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités pour les entreprises de construction et d’installation (solutions économes en énergie, augmentation des rénovations, etc.), associés ou non à l’application de nouveaux business models (modèles as a service, p. ex.)
• Evolutions et glissements dans la chaîne de valeur : de nouveaux glissements et évolutions dans la chaîne de valeur du secteur de la construction ont pour effet, d’une part, de modifier les rôles et responsabilités de différentes entreprises de construction et d’installation et, d’autre part, de susciter de nouvelles attentes, avec l’impact que cela suppose sur les compétences requises
• Ecosystème et co-création : les entreprises de construction et d’installation doivent regarder au-delà des frontières de leur propre entreprise et des projets individuels et entreprendre des co-créations à l’intérieur et au-delà de la chaîne de valeur
• Stimulation de la réflexion à long terme : stimuler la réflexion à long terme (future awareness) au sein du secteur belge de la construction afin de pouvoir gérer de façon flexible des événe­ments inattendus à l’avenir.

Parmi les cinq implications, on peut identifier trois thèmes importants, sur lesquels il appartient aux entreprises de construction et d’installation de miser afin de pouvoir faire face aux défis (à venir) : (1) la numérisation, (2) la durabilité et (3) les investissements dans les collaborateurs et dans leurs compétences.

En matière de numérisation, il ne faut pas sous-estimer l’intérêt de la technologie dans les activités futures des entreprises de construction et d’installation. Robotisation, intelligence artificielle, BIM, Internet des Objets, analyse des données, réalité augmentée et réalité virtuelle, impression en 3D, etc. sont plus que des termes qui font le buzz. Ce sont des concepts qui auront, à moyen et long terme, un impact majeur sur notre société et qui mèneront à des changements disruptifs. Il appar­tient au secteur de la construction de demain de monter dans le train de ces nouvelles technologies et d’étudier, étape par étape, la signification potentielle d’une nouvelle technologie pour le secteur, afin que l’ensemble du secteur belge de la construction soit prêt et ne doive pas courir derrière les faits.

Consulter l'étude complète : Analyse de tendances et d'impact dans le secteur (belge) de la construction. (buildwise.be)